Ne connaissant que très peu de choses du classique de Louisa May Alcott, c’est avec un regard vierge que je suis allé voir ce film.
Et ce-dernier nous happe directement dans son histoire, et dès le début il nous fait faire d’innombrables allers-retours, tant dans l’espace que dans le temps. Ce qui rend le 1er tiers assez pénible à suivre, surtout que l’on nous donne que bien d’indications sur les changements de temps ou de lieu. La vitesse où s’enchaine les allers-retours, alors que l'on découvre à peine les personnages, rend le début de l’œuvre difficile à suivre, pour qui, comme moi est novice du roman dont le film est adapté. On a du mal à comprendre l’histoire et à remettre tous les protagonistes, qui en plus met du temps à se mettre en place. Dans la 1ère heure les enjeux ne décollent pas et les personnages évoluent peu, ce qui rend le tout franchement longuet, et presque pénible par moment.
Heureusement, peu à peu on s’habitue à ces allers-retours, qui finissent par révéler leur intérêt : confronter le spectateur à l’évolution direct des protagonistes. Des personnages qui évoluent fortement dans la 2ème moitié du film qui fait naître de plus en plus d’enjeux, que ce soit vis-à-vis événements heureux ou tragiques, ou vis-à-vis de l’évolution même des 4 sœurs (des jalousies naissent, des divergences d’opinions, etc…). Si bien que la 2ème moitié est bien plus agréable à suivre que la 1ère. Les personnages justement, ils sont tous attachants (même la tante revêche), on se prend d’affection pour les 4 sœurs, toutes différentes, tant dans leurs aspirations, que leur caractère et leurs évolutions. Car le cœur du film c’est bien une histoire universelle : celle du passage à l’âge adulte, où comment chacune des sœurs finit par trouver sa voie, où comment sans jamais se renier pour autant nos idéaux, nos rêves finissent par s’adapter (un peu par mourir aussi) à la vie réelle, une fois l’âge des responsabilités venu. Et ça « Les filles du Dr March » le montre très bien, avec finesse, intelligence et émotion.
« Les filles du Dr March » c’est aussi une histoire de féminisme comme on en voit pas assez, car le film a le bon goût de ne pas dénoncer la société ou dénigrer la gent masculine, mais s’attarde à nous montrer le combat au quotidien de femmes pour exister dans un monde dans lequel on les destine avant tout à se marier.
Greta Gerwig nous livre avec son adaptation de « Little Women » une belle fresque (tant visuellement que dans la façon de raconter l’histoire), assez émouvante, fine, intelligente et sans mièvrerie, ni guimauve, d’une histoire universelle et intemporelle : celle d’une vie de famille, avec ses joies, ses peines, ses rivalités, ses évolutions. Une famille que l’on prend plaisir à suivre. Quel dommage que film mette autant de temps à vraiment se lancer et que les incessants allers-retours rendent le tout parfois indigeste, car, et bien que ce ne soit pas du tout mon genre de prédilection, « Les filles du Dr March » a beaucoup d’un grand.