Etant donné que j’ai beaucoup souffert, comme tous les parents ayant procréé dans la seconde moitié des années 2000, de l’existence même de ‘Cars’, je guettais avec inquiétude la sortie du nouvel épisode...qui aura toutefois le bon goût, dans sa conclusion, de laisser présager l’extinction de la franchise ou, en tout cas, sa mise en sommeil durable. Comme pour Toy story 3, le troisième volet de Cars ressemble en effet à une transmission de flambeau, assez paradoxale puisque Flash McQueen demeure malgré tout l’attraction principale de l’histoire, dont le fonctionnement emprunte une voie bien connue. En ce qui me concerne, l’univers des courses automobiles à l’américaine, des sponsors qui claquent et des chaînes sportives en continu, des prouesses motorisées et des présentateurs survoltés, ça me fatigue très vite, raison pour laquelle la parodie des films d’espionnage proposée par ‘Cars 2’ avait constitué un dérivatif bienvenu ; raison aussi pour laquelle, dans le premier volet, la retraite forcée de Flash McQueen à Radiator Springs en charge de ramener l’arrogant petit bolide rouge à une plus juste appréciation de la réalité, constituait la meilleure idée de la série jusqu’ici. Un schéma que reproduit scrupuleusement ‘Cars 3’ : dominé par une nouvelle génération de véhicules ultra-connectés et entraînés sur simulateur informatique, Flash s’exile dans la cambrousse, en quête de l’authenticité d’un entraînement à l’ancienne, façon Rocky IV sur roues. Comme on commence à avoir fait le tour des trouvailles visuelles en terme de véhicules anthropomorphiques, ‘Cars 3’ donne parfois l’impression de n’être qu’un simple décalque du premier volet ou, pour le dire autrement, une redite du film qui, dans la collection Pixar, parle le moins aux grandes personnes. Il faut y regarder d’un peu plus près pour constater que ‘Cars 3’ évoque une thématique assez rare dans le monde des productions pour enfants, et singulièrement dans les productions américaines pour enfants : la conscience du temps qui s’écoule inexorablement, de sa propre finitude et de la nécessaire prise de distance avec l’instant présent, condition sine qua non pour que la nouvelle génération puisse déployer ses ailes. Un message étonnant de la part d’une franchise Pixar pas réputée pour être la plus finaude, qui n’hésite pas à jouer ici la carte de l’émotion et y réussit plutôt bien...enfin autant que faire se peut avec des véhicules qui ont deux yeux et une bouche. Encore qu’à y regarder de plus près, le héros ne raccroche en fin de compte que contraint et forcé, et encore s’en tire-t-il par une pirouette : une schizophrénie sans doute inévitable quand on s’efforce d’aller contre le culte de la performance inhérent à une telle franchise...