"Cars" avait fait taire la circonspection générale provoquée par l’idée farfelue consistant à donner la parole aux voitures, emportant l’adhésion totale de la plupart des spectateurs ; enfin pour ceux qui ont bravé leur a priori, l'a priori du genre à pousser les gens à dire que c’est nul avant même d’avoir découvert quoi que ce soit. Pour ceux et celles qui ont résisté à la furia "Cars" que nul ne peut ignorer au vu des nombreux produits dérivés, cet a priori est toujours bien présent. Eh bien je serai vous, je me laisserai bien tenter par le visionnage du premier. D’ailleurs j’ai été à votre place, et j’ai été… convaincu ! Il faut dire que l’animation était à la fois excellemment bien faite et superbe de détails. Le succès fut grisant, à tel point qu’un deuxième opus a été conçu cinq ans plus tard. Une relative déception du public. C’est ce qui arrive après un premier jet aussi surprenant qu’excellent. Non pas que "Cars 2" fut mauvais, mais il s’éloignait des bases qui avaient fait le succès des premières aventures de Flash McQueen. D’ailleurs, je vous avouerai que je me souviens davantage de ce qu’il s’est passé dans le 1,… et pas le 2. Oups ! Enfin très peu. Alors j’ignore si les studios Pixar/Disney ont pris conscience du ratage de "Cars 2" (oui, bon, tout est relatif) mais si c’est le cas, il semble que ces partenaires ont eu à cœur de se rattraper. Toujours est-il qu’à l’annonce de l’arrivée prochaine de "Cars 3" sur les écrans, le scepticisme était de mise chez les cinéphiles aguerris. Je le sais, puisque j’étais moi-même dans cet état d'esprit. La bande-annonce m’a en partie rassuré, car elle semblait revenir sur les bases de départ, sans compter que la 3D (oui, je l’ai vue sous cette technologie) apparaissait convaincante. Et je ne parle même pas du fait que j’avais ouï dire que ce numéro 3 était considéré outre-Atlantique comme étant le meilleur de la saga. Alors qu’en est-il ? Incontestablement, il y a du mieux par rapport au 2. Un gros mieux. Mais de là à dire que ce "Cars 3" est le must de la franchise, je trouve que c’est un peu exagéré. Certes nous retrouvons les solides bases du 1, avec le retour de l’esprit de compétition accompagnée comme il se doit d’une certaine arrogance que les amateurs de sport auto ont pu bien souvent constater dans ce sport extrême entre les différents concurrents en lutte pour la gagne. Mais il manque tout de même une chose : l’effet de surprise. Il n’empêche que les scénaristes ont pris en compte les évolutions techniques, technologiques et mécaniques liées à ce sport. Pour autant, il ne faut pas trop chercher la crédibilité comme c’est souvent le cas des dessins animés. De plus, pour argumenter cette nouvelle histoire, ils sont revenus par l’intermédiaire de flash-backs sur un certain nombre d’événements du premier acte, et uniquement de celui-ci. C’est simple, "Cars 2" n’est pour ainsi dire jamais évoqué, comme s’il n’avait jamais existé ! De ce fait, il parait logique de retrouver l’énorme qualité de l’animation qui avait accompagnée les premiers tours de roues de la franchise. Une animation qui renoue aussi avec la foule de menus détails remarquable et remarquée de tous à travers "Cars" : les multiples petits débris sur la piste, les panaches de fumée ou de poussière, les tribunes bondées, les lettres blanches Lightyear qui ne font plus qu’un trait blanc flou quand les roues tournent à toute berzingue… Le rendu est bluffant de réalisme, notamment lorsque la meute est lâchée et/ou qu’elle est encore compacte. Les points de vue sont variés pour nous faire vivre la course au plus près, le plus saisissant étant lorsque deux bolides passent de part et d’autre de la caméra ! Enfin, la caméra… si j’ose dire ! Ce n’est qu’un film d’animation… La scène la plus impressionnante est sans conteste la scène de l’accident, si impressionnant que nous ne pouvons éviter de ressentir une grande peine vis-à-vis de la victime. Un accident qui dure 24 secondes, mais 24 secondes qui paraissent une éternité. S’ensuivent chez le malheureux les doutes, inévitables quand on ne peut reprendre la piste dans la foulée. La qualité de l’animation est décuplée par une 3D réussie, donnant du relief aux belles carrosseries, nous plongeant au cœur de l’action, faisant voler les débris, sans qu’elle noircisse l’image (phénomène souvent constaté). Le scénario est bien conçu quoique je m’interroge sur la possibilité d’intégrer un deuxième pilote sous le même numéro en plein milieu d’une course de Nascar. Mais comme je l’ai dit plus haut et en d’autres occasions, tout est permis dans le monde de l’animation. "Cars 3" corrige aussi le tir sur les personnages secondaires… en les laissant à leur place, celle des seconds rôles justement. Ainsi, la vieille et néanmoins très attachante dépanneuse perd le devant de la scène qui lui avait été octroyée dans "Cars 2", et c’est comme ça que nous la préférons. D’autres personnages sont intégrés et c’est tant mieux car elle apporte de la matière à cette nouvelle aventure, évitant du même coup l’ennui qui aurait pu être amené par du déjà-vu. Certes nous restons dans le monde de la course, mais d’autres facettes sont exploitées. De cette façon, le business lié au sport automobile a pu être traité, alors qu’il avait déjà été effleuré dans le 1 à travers les sponsors et le patron de l’écurie Dinoco. Sont évoqués aussi les moyens mis en œuvre pour être au niveau requis pour la compétition. C’est par l’intermédiaire de la coach Cruz Ramirez qu’ils sont mis en œuvre avec enthousiasme. Et quel enthousiasme ! Soit il vous donne la pêche, soit il vous saoulera, mais en tout cas il amène un dynamisme à vous mettre sur les rotules et quelques situations qui prêtent à sourire. En revanche, j’aurai aimé une confrontation un peu plus développée entre McQueen et le nouveau bad boy : le rookie Jackson Storm. Est-ce là une façon de se garder sous le pied la possibilité de faire un "Cars 4" ? Bon je vous le dis, ce n’est pas pour l’instant à l’ordre du jour bien que Pixar se penche d’ores et déjà sur la possibilité d’une quatrième revente. Pour cela, il faudrait éviter que les designers se fassent acheter par les concepteurs des vrais bolides destinés aux vraies courses, car leur pouvoir de création sur le dessin des jantes et la livrée des bolides est riche et magnifique. En résumé, "Cars 3" possède donc d’indéniables qualités, et s'octroie un peu la même destinée que celle de Flash McQueen, finalement : celle de la renaissance. Un très bon divertissement, que je conseillerai pour une fois en 3D. A propos ! J’ai failli oublier : ne volez pas le départ. Je parle de celui de la salle, lors du générique de fin. Au terme de celui-ci, un petit bonus vous y attend ! N’y voyez pas pour autant l’annonce d’un éventuel quatrième opus… enfin je ne crois pas...