Le Chili, 1974. Un an auparavant, le général Augusto Pinochet a pris le pouvoir à la suite d’un coup de force militaire qui a renversé le gouvernement du président Salvador Allende, démocratiquement élu en 1970. Dans le nord du pays, dans l’Altiplano chilien, trois sœurs de l’ethnie Coya élèvent des chèvres et quelques moutons en vivant dans des conditions particulièrement rudes, plus dignes d’un passé très lointain que du 20ème siècle. Sur quel sujet, ces deux mondes, qui vivent dans le même pays, mais qui sont culturellement et temporellement très éloignés l’un de l’autre, peuvent-ils se rencontrer ? En fait, ce sont les chèvres et les paturages qui sont à l’origine de la rencontre d’Augusto Pinochet et des sœurs Quispe, le gouvernement du dictateur ayant adopté la loi anti-érosion consistant à interdire le métier de berger et à exiger l’abatage des bêtes. Officiellement, il s’agissait de protéger les sols qu’érodent les troupeaux. En réalité, il s’agissait de s’attaquer au mode de vie des populations indiennes du pays. L’histoire des sœurs Quispe est un fait divers authentique qui a eu, à l’époque, un retentissement certain et dont Sebastián Sepúlveda a tiré "Les soeurs Quispe". Justa, Lucia et Luciana s’occupent d’un troupeau constitué de quelques moutons et de nombreuses chèvres. Les fromages qu’elles fabriquent et qu’elles vendent leur permettent de subsister tant bien que mal. Petit à petit, de rares contacts avec le monde extérieur, le fait aussi, qu’autour d’elles, il n’y a plus âme qui vive dans les autres bergeries des environs, vont les conduire à comprendre que, pour elles, le métier de bergère est terminé et les amener à commettre un acte d’une force incroyable. Il est certain que "Les Sœurs Quispe" est un film qui se mérite, mais, lorsqu’on arrive à y entrer, ce qui, franchement, n’est pas d’une grande difficulté, on ne peut qu’être subjugué par la beauté des images et l’impressionnante force de l’histoire.