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Un visiteur
3,0
Publiée le 5 juin 2014
Chili, 1973. Augusto Pinochet, auteur d’un coup d’Etat à l’encontre du régime démocratiquement élu de Salvador Allende, met en place une dictature liberticide et autoritaire, aujourd’hui largement documentée. Patricio Guzman et Pablo Larrain (ici à la production), les deux poids lourds du cinéma chilien, ont centré plusieurs de leurs films sur les effets (dévastateurs) de ce régime dans un contexte urbain. Le film de Sebastian Sepulveda prend un point de vue original, résolument rural.
Un an après l’arrivée au pouvoir de Pinochet, une rumeur se répand dans l’Altiplano : Pinochet veut éradiquer l’élevage extensif, qui selon lui détruirait les hauts-plateaux. Progressivement, tous les habitants vendent leur cheptel, et fuient vers les villes.
Les sœurs Quispe font partie des éleveurs qui survivent grâce à l’exploitation de ces maigres ressources fourragères. Elles étaient quatre, elles sont maintenant trois. La « disparition » de l’aînée est ici le point de départ d’un lent glissement vers la tragédie.
L’aridité est diffuse dans toutes les dimensions de ce film : les paysages, le dénuement matériel des personnages qui les habitent, leurs maigres relations sociales, leur vie spirituelle inexistante… Sebastian Sepulveda déploie plusieurs armes du cinéma lo-fi pour illustrer son propos : il filme longuement des paysages sous angle large, vaguement animés par un fourmillement de chèvres et de brebis ; il utilise de longs plans serrés pour figurer le désespoir et la lassitude que peut générer un tel dénuement ; et met même à profit des scènes où images et son sont discordants pour évoquer l’intemporalité qui règne sur ces montagnes.
Le film est certes lent, pénible, presque douloureux. Le scénario est certes épuré à l’extrême, et aurait pu bénéficier d’une écriture un peu plus fouillée. Mais la démonstration n’en demeure pas moins efficace : les sœurs ne défendent pas leur mode de vie, mais n’y envisagent aucune alternative. Au-delà du fait divers, le film diffuse un message universel sur la multiplicité et l’étanchéité des sociétés, dont découle l’enfermement de groupes d’individus dans des carcans défaillants, représentés ici à l’extrême. Ce qui vaut pour Les sœurs Quispe est également applicable ailleurs : une autorité qui néglige l’impact de ses politiques économiques sur des individus vulnérables est indéniablement criminelle.
J'attendais peu de choses de ce film, dont je ne savais rien: quelle belle surprise! Le réalisateur nous transpose dans un monde rude, avec une telle humanité, un telle délicatesse, qu'on se laisse emporter volontiers dans ce récit digne des grands films japonais. Les comédiennes sont formidables, la cousine des soeurs Quispe -qui joue le rôle de l'aîné- est simplement magistrale. Un film magnifique.
Encore un film vu à Venise. Magnifique : les paysages du nord du Chili, les actrices... Attention, c'est un film extrêmement austère, mais passionnant. Pas pour ceux qui veulent voir exploser les images à chaque seconde. Mais pour ceux qui aiment le cinéma et la découverte.