The useless Warriors
Enfin, j’ai pris mon courage à deux mains pour regarder ce film que j’avais emprunté à la médiathèque (bon 3h, ça m’avait un peu découragé…) .
Vu une petite centaine de fois, ce film de Peter Kominsky (reporteur de guerre et de documentaires, entre autre) traite d’un groupe de soldats britanniques qui sont envoyés en plein conflit bosniaque (1992-1995, il me semble) sous l’égide de l’ONU.
Pour ce faire, Kominsky a choisis une structure narrative très proche de celle utilisée par Michael Cimino dans son (grand) film « de guerre » (sur la guerre plutôt) Voyage au Bout de l’Enfer, c’est à dire qu’il est divisé en trois séquences clairement apparentes.
Dans un premier temps on découvre les futurs protagonistes du groupe onusien que l’on va suivre, des britanniques comme les autres, d’un côté les deux amis supporters de l’équipe de Football de Liverpool qui s’éclatent à suivre les matches de leurs équipes, ou encore cet homme qui est sur le point de se marier mais qui est appelé par l’armée (encore un point qui fait penser au film de Cimino ?), des anglais comme les autres.
La deuxième partie nous montre les soldats en « intervention » sur le territoire bosniaque, et l’on arrive à un des points fort du film, l’impuissance des soldats de l’ONU pendant ce conflit Bosniaque. Et là point de bataille rangée, d’échanges de feu à tout va, aucun des soldats ne va tirer pendant le film, car ce n’est pas le propos du film, Warriors est d’ailleurs plus un film sur la guerre qu’un film de guerre. Je ne connais pas les positions de Kominsky sur le rôle de l’ONU, mais on voit que dans ce film, le réalisateur s’intéresse plutôt aux simples soldats, qui ont l’air d’être véritablement pris en otage, ce ne sont que de simples pions sur un échiquier, ils sont essentiellement là pour faire bonne figure, pour montrer leur présence, comme pour montrer au monde que l’ONU s’intéresse au drame qui est en cours en Bosnie. Mais attention, en tant que pion neutre devant juste faire acte de présence, ces soldats ne peuvent strictement rien faire face au drame dont ils sont spectateurs, ces massacres et déplacements de populations qui se font en toute impunité.
De même que Kominsky met en lumière les grandes différences qui existent entre les soldats de terrains et leurs supérieurs qui eux donnent les ordres sans prendre en compte ou comprendre ce que subissent leurs hommes, on obéit aux ordre, point final.
Mais on voit tout de même que ces militaires sont des hommes comme les autres, ne sont pas des robots dénués de sentiments, et nombreux sont les cas où la désobéissance (jusqu’à un certain point) prend forme. En même temps, comment ne pas se sentir révolter face à ce qu’ils peuvent voir ? Je ne préfère pas donner d’exemples, mais chacun pourra ressentir ça en regardant le film. J’irai même jusqu’à dire qu’on souffre en même temps que ces soldats.
Et enfin, comme dans Voyage au Bout de l’Enfer la dernière partie, s’intéresse à l’après conflit, quand les soldats britanniques (survivants) retournent à une vie « normal », au milieu de leur compatriotes, qui eux n’ont pas connu l’enfer que ces soldats ont vécu, d’où une grande difficulté de compréhension mutuelle. Que cela soit notre grand et costaux soldat qui perd le sens des réalités, déambule tel un zombie, ou son compère harcelé par des sortes de cauchemars qui le poursuivent et l’amène à réagir de manière inconsciente.
Même celui qui semblait le plus « fort », qui semblait être protégé par une carapace émotionnelle, même lui, tout compte fait, n’est pas épargné par son expérience passée, tout cela est montré de manière éclatante par une fin grandiose, où l’on voit cette armure se fissurer soudainement, pour éclater avec violence. La guerre est une violence physique, mais aussi psychologique, si celle ci ne te tue pas physiquement, elle peut détruire un homme de l’intérieur, personne n’est à l’abri.
Pendant ces trois heures qui défilent point de magnifiques paysages, ni de plan séquences sortis de derrières les fagots, de cadrage qui pètent la rétine, ici Kiominsky adopte une réalisation très sobre, classique, qui lui donne un côté réaliste et ressemble à un documentaire, et donne à cette œuvre un côté intimiste, on se sent ainsi proche de ces soldats.
J’aurais voulu parler plus amplement de ce film, de faire une véritable analyse et non pas deux-trois infos balancées par ci par là, mais bon, je me suis déjà forcé à en faire une petite critique, et surtout que je suis en heure de travail, donc bon, il faut rester un peu sérieux tout de même…
Pour conclure, Warriors, Le Voyage au Bout de l’Enfer bosniaque est un film frappant, puissant, triste, poignant (un des rares films qui m’a presque fait couler quelques larmes, « réaliste »… Un grand film « de guerre », mais plus que ça, un grand film.
PS : Le film n’est pas novateur dans son propos général, on connaissait déjà tous ces points liés aux conflits armés, mais quand cela est fait de cette façon, on ne peut qu’apprécier.