Il faut croire que confinements successifs et fermeture des cinémas ont élimé considérablement l’esprit critique du public. L’accueil dithyrambique de ce Cruella est très surprenant. Il l’est d’autant plus qu’il avait été impitoyable pour l’adaptation de Disney en 1996. Plus sobre et pourtant bien plus drôle que ce « Cruella », « 101 Dalmatians » était certes bon enfant, mais Ô combien mieux joué. Glenn Close, Jeff Daniels, Joan Plowright, Hugh Laurie, toute cette pléiade d’acteurs était tout à fait crédible, et les gags désopilants. Ce qui, somme toute, était tout à fait normal : les trois quarts de l’équipe étaient des acteurs de comédie. Dans cette nouvelle version de Disney, le réalisateur Craig Gillespie concentre toute son énergie sur le côté visuel du film. S’il réussit parfaitement cet aspect des choses, il n néglige totalement la qualité des dialogues, et la solidité des ressorts dramatiques du scénario, qui du coup, devient peu crédible. Ainsi la double identité de l’héroïne est une bien trop grosse ficelle, car elle est trop visible. Or l’Australien utilise des dizaines de ficelles aussi grosses que celle-ci. Mais le plus pénible reste le cabotinage, et les mimiques trop empruntées prises par l’ensemble des acteurs, secondaires ou principaux. De toutes ces mimiques, les pires de toutes restent tout de même celles des 2 Emma. Thompson, et Stone en font des tonnes, et sans jamais nous faire peur, rire, ou même sourire. Seuls 2 seconds rôles sortent de la médiocrité : Joel Fry, mais son rôle semble anachronique, puisqu’il ne relève pas de la comédie. C’est surtout Paul Walter Hauser, qui crève l’écran de par son authenticité. Ce n’est pas son physique de « gros » qui fait son comique, c’est vraiment son talent. Talent, déjà très évident dans « Moi Tanya » (seul film de qualité de Gillespie, jusqu’à ce jour), il éclate littéralement dans « Richard Jewell » de Clint Eastwood. Dernier point : film à ne voir qu’en VO : les voix françaises sont peu convaincantes, et les différents accents britanniques sont affadis par le choix uniforme d’un seul accent français très lisse. Dommage !