Gros, énorme, colossal coup de cœur pour ce film vu au dernier Festival International du Premier film d'Annonay en février dernier et qui hélas, n'est pas encore sorti dans mon Caméo. S'il passe près de chez vous j'espère que vous le défendrez comme moi.
Quand je ne dors pas provoque le genre d'émotion que je recherche dans chaque festival et dans chaque film, et que je ne trouve pas toujours. Je l'attends, je la laisse venir à moi et paf ça arrive, parfois. Elle me cueille quand je m'y attends le moins.
On sort de la salle avec un sourire sur le cœur, les larmes au bord des paupières mais que l'on retient, comme le héros, ou plutôt l'anti-héros, le NON-héros de ce beau et grand petit film qui souffre avec panache et auto-dérision.
Ce drôle de film est un film drôle aussi, triste et beau, marrant comme tout et mélancolique, comme la vie. Et on a envie de le prendre dans ses bras et de l'emmener haut.
Tout comme l'acteur principal, un tout jeune homme de vingt et quelques années, le charme incarné, mélange d'Antoine Doinel et d'Al Pacino. Même s'il serait dommage et ridicule de le limiter à cette évocation de ses illustres aînés car il n'y a aucun mimétisme chez lui. Il a sa personnalité propre et forte avec son air de ne pas y toucher. Sa façon d'avoir l'air de constamment s'excuser de déranger qui le rend encore plus irrésistible. C'est ce qu'on appelle une présence, immédiate, évidente. La caméra est folle de lui et nous, devant l'écran on est subjugué par ce petit bonhomme qui s'impose par un charisme ébouriffant.
Tommy Wéber (oui, le fils de...) se défend d'avoir volontairement rendu un hommage à la nouvelle vague en général avec son magnifique noir et blanc qui rend Paris si beau la nuit, et à François Truffaut et Les 400 coups en particulier. Et pourtant son héros s'appelle Antoine et l'un des derniers plans l'emmène vers la mer ! Si l'hommage existe, il est involontaire et inconscient. Peu importe d'ailleurs. Ce qui a motivé le réalisateur c'est la relecture de L'Attrape cœurs. Il a voulu raconter l'errance d'un jeune homme une nuit dans Paris, à la manière du Holden de J.D. Sallinger. La référence n'est pas moins forte même si elle m'a paru moins évidente.
Epaulé par Mohamed Kerriche (également acteur dans le film et compositeur des chansons du film, de magnifiques textes sur la douceur et la dureté de la vie), le scénario a été écrit en quelques semaines et le tournage s'est effectué dans la foulée, sans budget... Et le manque d'argent ne se voit pas. L'image est belle, les acteurs sont tous magnifiquement dirigés (en plus des deux cités, la magnifique Hortense Gélinet rayonnante de douceur et de bienveillance) et on sent la belle énergie, l'implication de tous et de chacun qui ont permis au projet d'aboutir.
Et si vous ne tombez pas en amour illico, vous êtes irrécupérables !