Dans Quand je ne dors pas, Antoine veut partir à la mer. Mais il n'a pas d'argent. Du coup il demande à un pote s'il peut dealer pour lui. Du coup, il arpente le Paris nocturne pour vendre. Du coup, il rencontre des gens.
Outre l'impératif narratif du billet à acheter, le film se révèle libre et ample, détaché de tout calque ou structure étouffante. L'ennui pourrait régner, mais la simplicité des émotions crée, non seulement une sympathie profonde pour ce personnage errant, mais surtout une plongée enivrante dans cette tranche de vie dont les moments font échos en chacun. Sans prétention, sans chercher à "boboïser" son univers ou accabler le scénario de moments "nouvelle-vague style", Tommy Weber déploie un récit d'une simplicité de prime abord ridiculement simple, mais qui se révèle justement parfaitement simple. L'émotion prend le pas sur la stricte nécessité de raconter une histoire, et le personnage, justement interprété, semble évoluer selon sa volonté propre, agissant en ignorant un scénario qui disparaît derrière la fiction. Pas vraiment de but à atteindre, du moins, le plaisir réside plus dans ce voyage incertain, parfois presque onirique, que dans cette destination rêvée.
La mise en scène va dans le sens de cette liberté assumée et revendiquée. De longs plans séquences, très simples, très longs, offrent un cadre large et ouvert au personnage qui respire au long de ces longues séquences sublimes, car sincèrement simples. Des situations communes, ou parfois fantasmées, qui propulsent l'imaginaire de chacun au plus près d'Antoine, qui devient presque notre ami le temps d'un film. Là est la force de ce long-métrage, nous inviter à partager avec le protagoniste son aventure ordinaire. Mentionnons aussi l'utilisation pas trop forcée et franchement réussie d'un noir et blanc qui sublime ces images nocturnes empruntées à la réalité elle même.
Quand je ne dors pas est un film simple, tellement simple qu'il en est irrésistiblement beau, mais surtout honnête et touchant. Un film qui nous rappelle que le cinéma peut aussi se construire autour de choses banales pour nous en remémorer la préciosité.