"Slow West" est un western qui se démarque des productions habituelles. Si certaines œuvres sont très bonnes ("Bone Tomahawk"), d'autres n'exploitent pas assez leurs idées et ne les développent suffisamment ("Diablo"). J'avais espoir avec ce "Slow West" de voir un film original, principalement grâce à la présence de Michael Fassbender.
"Slow West" est effectivement rempli de qualités. Aussi bien visuelles que narratives. Si l'histoire reste d'un grand classicisme, la démarque d'en faire un road movie est intéressante. Nous suivons donc le parcours de Jay Cavendish qui, à l'aide d'un homme dénommé Silas, est à la recherche de sa bien-aimée. A travers cette aventure, les décors deviennent une part importante du récit. Non aussi magnifiés quand dans les films de Sergio Leone ou Quentin Tarantino, mais ils sont ici plus intimistes. Le film oscille entre moments lyriques et moments cruels. Car oui, une certaine violence est présente ; elle est dure, rapide et froide. Certaines scènes sont brutales car paraissent naturelles dans l'histoire, la gâchette et la poudre font partis du quotidien.
Seulement, là est le principal reproche que je fais au long-métrage. Le film est froid, sans émotions. Quelques scènes nous rapprochent des protagonistes, mais ceux-ci ne restent pas plus attachants. Kodi Smit-McPhee ("Let Me In") ne dégage la moindre émotion, son charisme n'est imposant. Michael Fassbender ("Shame") quant à lui est toujours aussi impeccable, dans la peau d'un personnage énigmatique. Sa prestance et sa présence ne font aucun doute, il porte le film. Ben Mendelsohn ("Starred Up") et Rory McCann ("Game of Thrones") font eux aussi partis du casting et livrent une performance convaincante. "Slow West" ne brille donc pas grâce à ses personnages. Ce sont des archétypes, peu développés et aux motivations conventionnelles.
La plus grande qualité de cette première œuvre signée John Maclean est donc l'ambiance. "Slow West" happe, malgré un manque de rythme. L'atmosphère poussiéreuse est réussie, cela par une mise en scène recherchée. La réalisation est travaillée ; les plans sont bien choisis, cadrés et composés. Aidée par la BO de Jed Kurzel, la réalisation offre une esthétisme rarement vue dans ce genre qui revient à la mode. Si la lenteur du déroulement m'a laissé dubitatif, je ne peux qu'admettre que d'un point de vu formel John Maclean a fait un beau travail. "Slow West" diffère de ces confrères, c'est un film plus sensoriel que spectaculaire réalisé par un passionné. Parce que des films réfléchis manquent en ces temps, "Slow West" est un film à découvrir bien qu'il ne vous fera vivre vos plus forts moments d'émotions.