Le film Age Is... est sorti à titre posthume. En effet, son réalisateur, Stephen Dwoskin, est décédé le 28 juin 2012, à l'âge de 73 ans. Handicapé par des séquelles de la poliomyélite depuis l'âge de neuf ans, Stephen Dwoskin était considéré comme un avant-gardiste de l'intime.
Age is... a été présenté en première mondiale au Festival de Locarno. Il a aussi été montré dans le cadre du festival documentaire Cinéma du Réel.
En 1997, le cinéaste Stephen Dwoskin avait réalisé Pain is..., documentaire qui questionnait la question de la douleur comme c'est le cas avec la vieillesse dans Age is..., on peut donc considérer que, quelque part, pouvant également être rapprochés par leurs titres, les deux films forment un diptyque.
Dans son dernier film, Stephen Dwoskin s'attache à représenter la vieillesse, à partir d'une observation des détails. "La vieillesse n'est pas quelque chose de statique, c'est l'accomplissement et la continuation d'une transformation", confie-t-il. "L'âge est un questionnement, une peur, quelque chose qui peut aussi vous apaiser, mais avant tout c'est une manière de regarder. Le regard des autres sur vous et le regard que vous portez sur les autres", ajoute le scénariste et metteur en scène du documentaire.
Stephen Dwoskin raconte que c'est la lecture de La Vieillesse de Simone de Beauvoir qui l'a inspiré pour faire le film : "Il y a un élément en particulier qui m'a frappé : la volonté de l'auteur à la représenter. Tout le monde a essayé de la dissuader, argumentant que "la vieillesse n'intéresse personne". Mais comme dans toutes les situations humaines, la vieillesse a une dimension existentielle : cela change la relation d'une personne au temps, et ainsi au monde, et l'histoire de cette personne."
Le réalisateur confie avoir pensé, en préparant le film, aux Indiens d'Amérique, et à la richesse de ce que dit leur grand âge : "Ces visages m'évoquent des parchemins, avec leurs rides qui racontent tant d'histoires. Leur beauté à elle seule défait le concept même de l'âge. Ce qui me frappe lorsque je regarde ces gens, est la valeur inestimable de ce que ces yeux ont vu, de ce que ces mains ont senti, plus que tous ces visages jeunes qui ont l'air "photoshoppés". L'innocence ne m'a jamais vraiment intéressé. J'ai toujours été beaucoup plus intrigué par la plénitude, la complexité, et l'ambiguïté de la vie."
Vieillir implique aussi la confrontation à des choses plus difficiles, comme le souligne Stephen Dwoskin : "Malheureusement, l'âge signifie aussi la perte. La perte des choses, des gens, des amis. On devient très seul. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles je veux demander à mes amis d'immortaliser quelques images."