Inexplicablement passé à la trappe, ce film de Jean-Pïerre Mocky a pourtant de la valeur et tout d’abord une belle histoire de départ, puisque pour recruter ses personnages centraux, le réalisateur eut l’étonnante idée de joindre à la presse des portraits-robot. C’est ainsi que furent embrigadés l’oubliée Juliette Mayniel (vue dans Les Cousins de Claude Chabrol) un …peintre en bâtiment, qui malgré de fort belles dispositions, se limita à cette seule expérience au cinéma. Regardez-le bien, car il vaut largement certains de ses comparses d’alors! Si quelqu’un a du neuf, d’ailleurs…
Dans cette étude de mœurs qui évoque la viabilité d’un couple, chacun, y compris dans notre monde de brutes actuel, se sentira à un moment concerné. C’est tantôt déroutant, tantôt troublant, mais il en reste heureusement un zeste d’optimisme. Un film scénarisé par Raymond Queneau (Zazie dans le métro) et qui fut soutenu par plusieurs intellectuels, tel Jean Cocteau qui avait dit de lui: « il est dérangeant parce qu’il est un miroir pour chacun d’entre nous ».
Certes à un moment, on peut regretter que ce couple s’évade si longuement en campagne pour tenter de régler ses comptes, mais on appréciera un ensemble au un ton plutôt inhabituel pour l’époque. Nous sommes en 1960, la Nouvelle Vague est palpable, et on peut se demander, en voyant son deuxième film - et non quatrième comme l'indique qqun - après Les Dragueurs, pourquoi Mocky n’a jamais été cité comme l’un de ses investigateurs. Par ailleurs, on sourira dès l’entame – et d’une intro mémorablement drôle – en constatant que ce film fut interdit par la censure aux moins de 18 ans, même si l’on ne tombe même pas une fois sur le moindre bout de sein. Sans doute parce qu’un couple qui se brise après trois ans pour des motifs surtout sexuels, même suggérés (on disait simplement « physiques » à l’époque), ça n’était pas tout à fait montrable à la jeunesse d’alors. Nouvelle Vague oui, mais Mai 68 semble encore assez lointain!