"C'est une histoire de fantômes. Tout ce qu'il dit c'est qu'il y a une vie après la mort, c'est optimiste."
Cela doit peut-être sembler étrange de lier à ce film une citation écourtée de Stanley Kubrick sur Shining. Cependant, avant que mon attention soit précisément portée sur le film en lui-même, j'ai décidé de faire part de ce qui dans mon esprit troublé me faisait aimer l'horreur, genre qui fait frémir et ne semble pas faire rêver, ce qui me semble nécessaire avant de dire ce qui me paraît génial dans cette oeuvre qui m'a été proposée, que j'ai reçu, et fort bien accueilli.
Pourquoi a t-on peur de démons, d'êtres venant de l'au-delà, du corps torturés de part en part, de la nature dénaturée? Ma dernière interrogation ouvre vers une réponse que je propose, qui est le sens que guide notre nature propre à nous tous, à quelques exceptions. Cette nature que je renierais et renie d'ailleurs volontiers. Elle se ressert contre nous et la plupart d'entre nous la sert sans se poser de questions, comme si elle était le dictateur de notre vie, auquel il ne faudrait s'opposer. Peut-être pour ça que je préfère la nuit au jour, la chair à la peau, les fleurs fânées aux épanouies, l'expression de mille souffrances face à son existance à la réponse d'une seule joie.
De ce fait, il y a, selon moi, deux sortes d'émotions, de sensations qui nous traversent de part en part. La première est celle à laquelle l'humain se fit trop et qui est totalement illogique. Elle parle à l'instinct, et elle appartient à l'Homme. La deuxième vient d'autre chose, semblant surgir comme d'un écho lointain et transpercé, qui obéit une logique qui ne nous appartient pas et qu'il nous faut donc cerner.
La peur, instinctive, je l'avoue, qui me submerge à l'heure actuelle est celle de dire une idiotie sans aucun sens ou dont la logique prête à rire. Ce n'est pas pour autant que je vais reculer.
Et, l'instinct, c'est ce qui agit en premier chez nombre personnes dés qu'il s'agit de parler d'horreurs, de fantômes, d'esprits. Ils ont peur de ces mondes totalement irréels et ne s'y sentent pas en confiance. Peur d'être isolé, peur d'être dans le noir, peur de ce qui peut venir de l'autre monde. Au final, peur de tout ce qui semble anormal. Tout ce qui dénature la vision du monde chez l'Homme.
Le peur et le dégoût ne sont pas logiques et le cinéma d'horreur en est la preuve, parce-que en créant des univers provoquant ces deux émotions, il peut quand même créer la beauté.
Ainsi, des corps malades et des chairs arrachées même s'ils repoussent peuvent être beaux. Et, je l'avoue, je préfère voir au cinéma des êtres écorchés et branlants que des corps recouverts par la peau. Je trouve ça plus beau.
Au final, l'Homme se voit effrayé uniquement parce-qu'il ne connaît pas, ce qui ne lui est pas familier, ce qui dénature, le corps lui a établi des codes qui lui sont propres.
Et si le l'horreur est mon genre préféré, c'est qu'à la fois il se joue de cet aspect là de l'humanité, le détourne, le prends en pitié, et représente toute les faiblesses et particularités pouvant être présentes, et en même temps va au-delà, nous fait découvrir des horizons qui n'obéissent pas aux codes établis par le corps de l'Homme mais par quelque-chose d'autre.
Ces sensations, qui me travaillent l'esprit, découlent en travers de mes côtes, de mes arcades, les torturent, les opressent, puis descendent pour transpercer mes veines, et qui enfin, plutôt que de caresser l'échine, la flagellent, me sont d'un doux plaisir que les êtres humains ne peuvent comprendre entourés et protégés par leur peur et leur dégoût. Cette image que je donne, et qui ne reste, je le rappelle, qu'une image; je ne voudrais pas non plus qu'on pense que je me torture physiquement et que j'y prenne plaisir, doit tout de même suffire à me faire passer pour un déséquilibré, j'en ai conscience. Mais au final, c'est dans l'idée clair de l'opinion que je vous met en évidence.
Vous avez peur de ces sombres visions surréelles, elles vous font trembler, dans des sombres cauchemars elles vous font peut-être même implorer, prier, ce qui me fait peur personnellement c'est la réalité dans laquelle nous vivons et dont j'essaye de m'échapper, de m'extirper, de me sortir. Pour voir de vraies horreurs, n'ayant qui plus est aucun sens esthétique, la réalité est déjà bien assez efficace. Les fausses horreurs elles formeraient presque une protection pour moi. Elles m'attirent, exercent une attraction sur moi, me fascinent, et je pense que leur sens les amènent à avoir une portée esthétique qui dépasse tout, qui trouvent une forme de pureté entre les ténèbres qui éclate.
Chacun sa sensibilité, et je peux dire qu'entre ces sombres entrailles j'ai trouvé la mienne. Après tout, que peut-elle me faire de mal? Elle exerce ma créativité et mon imagination, c'est tout. Et selon moi, la qualité d'un objet artistique obéissant à une raison différente que celle qui sied à l'Homme, et c'est pourquoi d'ailleurs que l'art est si dur à maîtriser, c'est à travers les différents arts que l'on peut trouver le vrai sens aux choses, et les solutions, les réponses que l'on ne connaît pas, car les règles du cinéma contrairement à celles qui régissent l'Homme, qui s'imposent à lui, et que lui impose, sont intemporelles.
Après ce long discours, peut-être va t-on pouvoir parler du film, vous ne croyez pas? De toute façon, je prévois d'établir un rapport bien plus long à une autre occasion sur tout ce qui est à l'intérieur de cet être torturé que vous voyez là.
Donc, tout d'abord, ce que j'aime dans ce film c'est la manière de James Wan de nous imposer cet univers-là et de nous en laisser sortir que rarement. En cela en plus des éléments surnaturels qu'il se permet de placer tout le long, il y a un véritable sentiment de tension qui règne entre ces sombres couloirs et escaliers, descendre, monter, cela ne sert à rien, vous croiserez toujours un ami qui ne vous veut pas du bien, les mondes horrifiants qui s'entremèlent ne seront d'aucune pitié, et ils obéissent à des démons. Ils trouveront toujours un moyen de vous isoler, de vous faire passer pour imposteurs, de faire croire à l'illusion de menteurs, de se faire passer pour des êtres inventés de toute pièce dans l'imagination d'une gamine dont la toux serait sûrement très endommagée et dont les talents d'actrice seraient vraiment inimaginables, en plus de la force.
Alors, j'avoue ne pas m'être suffisamment renseigné sur l'affaire dont s'inspire plus que clairement le film pour juger du pour et du contre. De ce que j'ai lu, il a été prouvé que la fille aurait exagéré sur quelques points, cependant les défenseurs affirment que concernant le reste il n'y a aucune preuve qu'elle ait menti. Ce qui explique un passage du film d'ailleurs.
Je ne sais pas si c'est vrai ou si c'est faux. Cependant, c'est le genre de trucs auxquels on aime croire, et la seule possibilité que ce soit vrai a de quoi faire frémir les pauvres mortels que nous sommes.
Le film se sert très habilement de toute cette affaire pour donner un aspect très documenté à l'oeuvre, pour la rendre plus réelle et donc pour ne faire qu'augmenter les frissons qui peuvent parcourir les êtres qui portent leur attention sur l'écran.
Je pense qu'augmenter par tout les moyens l'impression de réalité dans les oeuvres de ce genre (et je dirais, tout les genres qui font appel à l'imagination, à la mysique et autres) peut avoir un très grand impact. Plus le spectateur est immergé dans l'expérience qu'est de vivre l'irréel, plus la fascination qui en découle et longe ses membres est forte.
Le film réussi à faire ça par moult éléments. Par exemple, cela n'est pas expliqué dans le film contrairement au reste que j'ai pu trouver, mais ce qui semble être un esprit ayant la forme d'un garçon caché à l'intérieur d'Amityville que l'on peut voir est très certainement inspiré de cette photo:
Amityville
(Ne me remerciez surtout pas pour vous avoir empêché de dormir cette nuit, si vous lisez à une heure tardive)
Alors il y a aussi la voix enregistré qui était bel et bien la voix de l'enregistrement original, il y a un tas d'éléments comme celui-là qui parsèment le film, et qui sont bienvenus.
Beaucoup ont critiqué le fait que le film abuse d'effets et d'apparitions de démons. Alors, que ces derniers temps on ai eu trop d'oeuvres qui basaient uniquement la peur sur les jump scare et non l'ambiance, ça je ne le contredis pas, cependant, est-ce une raison pour basher le travail de James Wan qui certes fait un film marqué par cette volonté de nous faire sursauter et qui crée des effets de mise en scène qui puissent paraître excessif, mais qui cependant travaille énormément l'ambiance de son oeuvre, gère parfaitement le rythme qu'il impose, le nombre de fois qu'il va feindre avant d'envoyer en plein dans la figure, et aussi une réalisation qui ne repose pas que sur ce qui est décrit plus haut mais aussi sur une manière très élégante et pertinente d'amener les choses.
Evidemment, le travail d'ambiance est également renforcé par la photographie qui participe à l'immersion dans cet univers.
James Wan s'intéresse également beaucoup à ses personnages, et ça se voit, j'ai trouvé touchante la relation entre Ed et Lorraine, mais aussi la petite fille, Janet. On a vraiment la construction de personnages que personne ne comprends, ne peut comprendre, ne peut croire, si ce n'est lors de rencontres inespérées. Ce qui permet au film de poser également le thème de la foi, dans ces moments-là où personne ne croit ceux qui racontent ça et que chacun crie au canular, Ed et Lorraine interviennent, car ceux-là ont besoin de personnes qui les croient.
Au final, ce serait assez injuste de catégoriser Conjuring 2 dans la même case que pour d'autres films uniquement de par des aspects ressemblants, le tout est tellement différent...
J'ajouterais que quelques éléments tels que mêler des chants latins d'une vidéo un peu rouillée à des apparitions démoniaques donnent vraiment une force à l'oeuvre, ça crée un aspect malsain et terrfiant, une opposition entre l'impur et le pur, une ironie qui peut faire frémir. Des fois, c'est le genre de trucs qui à eux seuls peuvent instiguer un climat, et ici ça fonctionne vraiment.
Je retiendrais aussi l'actrice qui joue Janet, qui réussi fort bien dans un rôle pourtant loin d'être facile.
Je pense avoir tout dis. Au final, le film réussi avec brio à nous transporter dans cet univers qui lie le pur et l'impur, et on est en contact constamment avec l'au-delà, l'inconnu, l'anomalie, et en cela dans ses intentions et le résultat il réussi, je trouve, à frapper très fort.
Je ne peux que conseiller à vos âmes, déchirées ou non, à aller voir ce film.