Du fait qu’un nouveau dossier Warren lui est exposé, le spectateur peut être tenté de se dire qu’il va plus ou moins voir la même chose. Même avec James Wan à la baguette, et ce en dépit d’un changement de décor total. Cela me parait d’une implacable évidence. Eh bien oui… et non… Oui parce qu’on retrouve grosso modo la même structure : l’histoire vraie d’une famille recevant l’aide du désormais célèbre et néanmoins controversé couple Warren. La base est pourtant d’un classique absolu : d’étranges phénomènes se manifestent au sein d’une maison habitée par une femme seule avec ses enfants. Cependant, là où ça sort des sentiers battus, c'est que les choses se compliquent et rendent le cas Enfield… à part. D’une façon générale, la trame reste assez traditionnelle : il n’y a qu’à voir le grand nombre de films ayant traité du paranormal. Entre les cas de possession et les phénomènes "inexpliqués" ou défiant toutes les lois de la physique élémentaire, ça pullule ! Sauf que dans le cas qui nous intéresse ici, les esprits démoniaques se mettent à faire… de l’esprit. Vous comprendrez pourquoi et comment en regardant ce film, qui promet d’entrée au spectateur une affaire exceptionnelle de par sa singularité. Eh bien la promesse est tenue. En attendant de découvrir ce qu’il en est vraiment, on ne peut s’empêcher d’admettre que James Wan a un don : celui de captiver le spectateur et de le tenir durablement en haleine sur une histoire aux airs de déjà-vu (des airs sur une grande partie du film). Indéniablement, s’il y parvient, c’est parce que tout son art repose sur 4 points. 1°/ il sait se reposer sur un scénario bien écrit : c’est la base de tout et sur ce point-là, il n’y a rien à redire, ou presque. Concernant le "presque", j’y reviendrai sur le 3ème point. 2°/ Il sait diriger ses comédiens : tous sont au top, des adultes aux enfants. Ils rendent cette famille résolument attachante. 3°/ Son art de la mise en scène : là où "Conjuring" premier du nom se révélait le plus flippant, c’était lorsqu’on était dans la suggestion. L’être humain est ainsi : il a peur de ce qu’il ne voit pas et, fatalement, de ce qu’il ne maîtrise pas. Ici, c’est pareil et c’est très réussi : la peur (ou plutôt devrais-je dire l’inquiétude ?) s’installe doucement, de façon sourde et diffuse. Tout du moins jusqu’au moment où les entités se matérialisent davantage. Je veux dire physiquement. Je trouve ça dommage parce que le film perd alors un peu de son emprise oppressante sur le spectateur. C’est ce qui explique mon "petit" 4/5. 4°/ James Wan sait filmer. Si le cinéaste avait marqué "Conjuring : les dossiers Warren" de son empreinte avec de longs plans-séquences, cette fois il se distingue par une caméra beaucoup plus mobile à l’intérieur même des décors. Cela lui permet de mieux placer les spectateur en observateur, comme si ce dernier, cédant à la curiosité, ne pouvait s’empêcher de voir, tout en prenant garde à ne pas s’exposer, tapi dans un recoin. De plus, en mettant à profit l’éclairage pour travailler les jeux d’ombres tout en accordant un soin particulier aux bruitages, le réalisateur instaure une ambiance lourde et inquiétante. Un véritable régal. Cela dit, James Wan a beau confirmer qu’il est devenu le nouveau maître incontesté de l’épouvante, il n’est pas exempt de quelques petites erreurs scénaristiques. Sans spécialement les rechercher, et encore moins à les dénombrer, j’en ai repéré deux. Alors que la caméra s’attarde sur l’asphalte, la pluie arrive d’un seul coup. Bon j’admets que les ondées surviennent parfois très soudainement, mais là ça fait vraiment l’effet d’un robinet qui s’est ouvert d’un seul coup. Vous allez me dire que je chipote et vous n’aurez pas tout à fait tort parce que ça reste anecdotique. Ce qui me chagrine le plus, c’est lorsque la petite Janet est collée au plafond : elle a beau avoir pris ses précautions en s’attachant au lit avec une corde à sauter, elle se retrouve quand même en fâcheuse posture, collé au plafond. Et alors ? Quoi ? vous n’avez rien remarqué ? La poignée de la corde… elle tombe vers le haut !! Je vous invite même à revisionner la scène pour vérifier… Attention, c’est bref. Bon enfin voilà, "Conjuring 2 : le cas Enfield" reste tout de même ce qui se fait de mieux dans le genre, et de loin. Sans compter qu’il fait penser aussi à "L’exorciste" de William Friedkin (1973), qui demeure toujours la référence en la matière, bien que les réalisations de James Wan lui donnent un bon coup de vieux.