2015 sera une année faste pour le cinéma d'espionnage. Outre le grand retour de James Bond avec Spectre, Spy devra aussi compter Kingman: Service Secret, Mission Impossible 5 et Agents très spéciaux: Code U.N.C.L.E parmi ses concurrents.
A l'origine, la comédie de Paul Feig devait être intitulée "Susan Cooper".
Bobby Cannavale et Rose Byrne ont travaillé ensemble à trois reprises, tout comme Paul Feig et Melissa McCarthy. Les deux actrices ont joué dans Mes meilleurs amies sous la direction de ce dernier.
Le film a été tourné à Budapest et autour du lac Balaton. La capitale de la Hongrie sert également de doublure à Paris et à Rome. Grâce à la diversité des styles architecturaux de la ville, Jefferson Sage a créé trois univers distincts en utilisant les monuments et les caractéristiques uniques des différents quartiers. Buda, située à l’ouest du Danube, avec ses rues pavées sinueuses et ses collines, passe facilement pour Rome, tandis que l’abondance d’arbres et de végétation a permis à l’équipe de recréer l’atmosphère de Paris.
Le personnage joué par Jason Statham est une parodie des rôles d'actionner dont il est très friand. Etonnement, ce n’est pas la première fois que l’acteur s’adonne à la comédie puisqu’il figurait déjà au casting de La Panthère rose en 2006.
Paul Feig fait partie de ces réalisateurs mettant les femmes au premier plan. Après Mes meilleures amies et sa brochette de 6 comédiennes au top de leur potentiel comique, il a enchainé avec Les Flingueuses porté par sa nouvelle actrice fétiche, Melissa Mccarthy. Erigée au statut de reine de la comédie US grâce à ces collaborations, elle est une fois encore la tête d'affiche d'un film décalé : "Melissa et moi partageons le même sens de l’humour et avons la même envie de raconter une histoire qui ne se contente pas seulement de faire rire. Voilà pourquoi notre duo fonctionne si bien : chacun de nous pousse l’autre au-delà de ses limites !", précise le réalisateur.
Spy a ouvert le 41ème festival international du film de Seattle.
La totalité des posters promotionnels du film tournent en dérision la saga James Bond, que ce soit la pause des acteurs (en majorité britanniques) sur l’affiche officielle, la poudre doré recouvrant Melissa McCarthy faisant référence à Goldfinger sur un character poster ou encore celle avec Jason Statham en col roulé qui rappelle fortement Daniel Craig pour Spectre.
Pour les besoins du film, Melissa McCarthy a dû apprendre les rudiments d’un art martial provenant des Philippines. Son entrainement a été dispensé par Diana Lee Inosanto, une actrice cascadeuse, spécialiste des sports de combat.
Alors qu'on attendrait plutôt un personnage masculin dans le rôle principal d'un film d'espionnage, le réalisateur Paul Feig a préfèré tordre le cou aux idées reçues : "J’ai lu que les femmes faisaient de meilleurs espions que les hommes car elles décryptent mieux les signaux physiques, réussissent plus facilement à gagner la confiance de leurs adversaires et se fient davantage à leur intuition. C’est le cas de Susan Cooper. Elle ne peut pas compter sur ses muscles, elle doit utiliser sa matière grise pour s’en sortir. J’aime les personnages de femmes de caractère et j’étais ravi de pouvoir créer ce trio de personnages féminins composé de l’héroïne, de son acolyte et de leur adversaire."
Paul Feig l'a dit et redit, Spy n'est ni une parodie ni une satire, mais une comédie d'action qui rend hommage aux films d'espionnage. L'aspect comique repose avant tout sur les personnages qui s'imbriquent dans un ton général qui ressemble à James Bond. Même si le danger et l'action sont authentiques, l'objectif reste d'être le plus drôle possible.
Si James Bond a Moneypenny, Andrew Fine à Susan Cooper. Outre une comparaison un peu facile, Jude Law a donné quelques précisions sur la relation qui unit son personnage à celui de Melissa McCarthy : "Du point de vue de Fine, Susan et lui forment un duo parfait, ils sont imbattables, la crème de la crème de la CIA. Pour lui, leur relation est purement platonique, même s’il joue de son charme. Mais ça n’est pas le cas du côté de Susan... Il n’imagine pas qu’elle a envie d’autre chose et on peut se demander si ce n’est pas parce que sans elle, il serait perdu."
Jude Law incarne un personnage qui n'a d'yeux que pour deux choses : son reflet et les femmes, au grand dam de Susan Cooper. C'est un manipulateur (comme tout espion doit l'être) à la fois charmant et goujat. Paradoxalement, ce n'est pas quelqu'un de cruel. Il a une réelle affection pour Susan, même s’il a tout intérêt à ce qu’elle ne quitte pas son bureau de Langley puisqu'il a besoin d'elle.
Concernant l’esthétique du film, Paul Feig, le directeur de la photographie Robert Yeoman et le chef décorateur Jefferson Sage se sont ouvertement inspirés de l’univers des James Bond. Ils voulaient réaliser une comédie au style visuel sophistiqué, mêlant plans panoramiques à couper le souffle, décors saisissants et séquences d’action vraisemblables. Robert Yeoman explique leurs choix artistiques : "En général, dans les comédies, l’éclairage est vif et uniforme, mais cette fois-ci, Paul voulait quelque chose de sombre et de contrasté pour souligner la nature périlleuse et risquée du métier d’espion. Les décors réels du film sont magnifiques."
Paul Feig a écrit le rôle de Ford et de Nancy spécialement pour Jason Statham (lui-même souhaitait devenir cascadeur étant plus jeune) et Miranda Hart, qu’il admire depuis longtemps. Le mètre 85 de l'actrice prouve que le réalisateur a un faible pour les femmes au physique atypique.
Bobby Cannavale avoue avoir pris Paul Feig comme modèle vestimentaire, ce dernier étant connu pour son impeccable sens de la mode, pour créer le personnage de De Luca. "Paul est le seul homme que je connaisse qui se balade avec une canne, il a été ma principale source d’inspiration. Je voulais faire de De Luca une sorte de dandy fardé de maquillage. C’est le genre de type qui s’entoure de vrais durs pour masquer ses propres faiblesses et son insécurité. Mais lorsqu’il doit faire le sale boulot lui-même, le masque tombe et on découvre un personnage somme toute plutôt comique."
Il s'agit du rôle le plus physique que Melissa McCarthy ait joué à ce jour. Course poursuite en scooter, suspension à un hélicoptère, combat rapproché... Toutes ces cascades lui ont demandé un énorme investissement. Elle n'en n'est d'ailleurs pas sortie indemne car elle s'est fêlée le crâne.
Paul Feig a la réputation de modifier les dialogues quotidiennement au cours de prises qui peuvent durer jusqu’à 20 minutes, voire plus, mais sa méthode a le mérite de provoquer des réactions spontanées chez les acteurs qui doivent faire preuve d’une concentration sans faille et d'une capacité d'improvisation. Sur le tournage, il a été rapporté que certaines répliques étaient simplement griffonnées sur des Post-it. Pour des acteurs tels que Jason Statham, c'était la première fois qu'il travaillait de la sorte.
Le film a été tourné intégralement en numérique, un choix qui se justifie par la flexibilité du format. La netteté des images fournies par la caméra a également permis au directeur de la photographie d’être un peu plus aventureux et d’expérimenter davantage en matière d’éclairage.
L’équipe a filmé une confrontation dans les cuisines d’un restaurant de Budapest où Susan affronte une tueuse à gages (Nargis Fakhri) dans un combat à mort à coups de fruits et légumes. J.J. Perry et son équipe de cascadeurs ont passé plusieurs semaines à chorégraphier et répéter la séquence, puis à pré-visualiser le combat sur ordinateur. J.J. Perry commente : « Le tournage de cette scène a pris deux jours et témoigne de la volonté de Paul de créer de véritables scènes d’action comiques. Comme moi, il est fan des films des années 80 avec Jackie Chan, j’avais donc une idée assez précise de ce qu’il voulait : des prises en grand angle au plus près de l’action, ce qui est à la fois drôle, dynamique et violent. »