Les Boxtrolls : les secrets du tournage

Les Boxtrolls, ces petits trolls collectionneurs de déchets, sont en réalité des monstres habillés de cartons recyclés tout droit sortis de l'imagination de l'auteur et dessinateur anglais Alan Snow et parus pour la première fois en 2006 dans son roman d'aventures fantastiques "Les Chroniques de Pont-aux-Rats (Here Be Monsters)". L'enfance de Travis Knight, président de Laika, fut bercée par ces histoires, d'où le désir de les adapter.

Anthony Stacchi, co-réalisateur de L’Etrange pouvoir de Norman, fut à nouveau en charge de la réalisation aux côtés de Graham Annable. Une collaboration que les deux hommes ont trouvé fructueuse et fluide, grâce à la spécialité de chacun, story-border et animateur : "Sur un film de stop motion le travail individuel ne vaut rien s’il n’est pas au service d’une collaboration dont le but final n’est autre que la somme des compétences au service d’un tout", explique Annable.

Un temps au bord de la faillite après le semi-échec de L'Étrange pouvoir de Norman, les studios Laïka, spécialisés dans l'animation en stop-motion, ont entrepris de se séparer de leur branche publicité et de se spécialiser uniquement dans le cinéma. Les Boxtrolls s'annonce comme la première page des nouvelles aventures du studio.

Travis Knight, président de Laika, tient à ce que les films sur lesquels il travaille ouvrent une discussion avec ses enfants. Il explique : "Les Boxtrolls est l’histoire d’une période de transition entre l’enfance et l’adolescence. Nos jeunes héros vont découvrir qui ils sont, d’où ils viennent, ce qu’ils veulent devenir. Ils apprendront que chaque individu se défi nit par ses choix et son entourage. Le monde des enfants n’est pas spécialement accessible pour ceux qui n’en font pas partie, mais parfois il nous aide à nous rendre compte des barrières que la société à mises en place et nous permet d’y redéfinir notre position."

Pour concevoir le film Les Boxtrolls, il fallait une semaine à un animateur pour réaliser 3,7 secondes de pellicule, c’est-à-dire 90 plans. D'autres chiffres témoignent de la complexité du projet, qui nécessita :

- 892 lampes dont 68 équipements de fluorescents

- 13 modélistes

- 12 charpentiers

- 9 peintres

- 8 décorateurs

- 4 paysagistes pour la construction des 79 plateaux qui ont été construits pour les 26 décors du film. 

- 37 kilos de colle en stick

- 96m3 de savon

- 89 sprays de peinture

- 1 000 feuilles de papier de verre

- 2 000 bâtons de glace

- 2 904 doughnuts

- 12 000 boules de coton

- 35 m2 de contreplaqué

- 1 300 boîtes d’archives contenant près de 53 000 visages (qui sont archivés dans la bibliothèque de Laïka). 

Isaac Hempstead-Wrigh, Bran Stark dans la série culte Game of Thrones, prête sa voix à l'orphelin des Boxtrolls. Le jeune acteur a bénéficié de l’expérience et des conseils de son partenaire, Ben Kingsley. Il a travaillé sur son accent, pour tenter d’approcher un langage inconnu, qui serait celui parlé par les habitants de Cheesebridge, et le réalisateur lui a demandé de s’inspirer du personnage de Billy, dans KES de Ken Loach, pour en tirer un côté sale gosse.

Un travail de titan a été effectué pour mettre en œuvre l’univers des Boxtrolls. La rivière qui traverse les égouts a été faite à la main par un assemblage de rideaux de douche enrobant un enchevêtrement de fils de pêche translucides, des petits morceaux de miroir, de polytéréphtalate d’éthylène, et du scotch pour donner l’illusion d’une surface liquide. Pour les décors, on compte :

- 20 000 accessoires crées et montés à la main.

- 50 moulages de fromages différents, 24 types de végétation et 79 plateaux qui ont été construits pour les 26 décors du film. 

Le personnage de Mecha Drill mesurait 1,60 mètre et pesait 35 kilos. Il était constitué de plus de 600 pièces d’acier, de plastique et de métal. C’est la plus grande poupée jamais créée. Pour chacune des poupées, il a fallu entre 3 et 4 mois de travail, partagé entre 60 personnes. Elles ont été faites à partir de silicone, de latex et de résine, le tout articulé autour d’un squelette de métal. 

53 000 visages ont été imprimés en 3D, dont 15 000 pour le personnage d’Œuf. Snatcher dispose de 1 118 000 expressions, Winnie 600 000 et Œuf en a 1 400 000. Et le film contient 180 plans d’humains numérisés, et 131 de Boxtrolls numérisés. 

C'est la seconde fois que l'acteur oscarisé Ben Kingsley endosse la fonction de doubleur pour un dessin animé. Il l'avait fait un an plus tôt pour Monstre Academy. L’acteur a été choisi pour prêter sa voix au personnage d'Archibald Trappenard. Une proposition qu’il accepta avec enthousiasme, motivé par la référence du film à l’univers de Charles Dickens. Très impliqué dans son interprétation, Kingsley a demandé de jouer plié en deux, afin de donner vie aux traits de caractère de son personnage.

Dans Coraline (2009), premier film des studios d'animation Laïka, c'est la jeune actrice Dakota Fanning qui prêtait sa voix au personnage principal de la fillette intrépide. Cinq ans plus tard, c'est la petite soeur de la comédienne, Elle Fanning, qui prend part au casting des Boxtrolls, donnant sa voix au personnage de Winnie.

Des danseurs et chorégraphes professionnels ont participé à la mise en scène de la séquence de bal, afin de placer correctement chaque mouvement sur chacune des marionnettes, et ainsi reproduire la dynamique et la fluidité d’un ensemble chorégraphié. 

Le graphiste Nicolas de Crecy et le modéliste Thomas Mcclure se sont inspirés de différents univers, comme celui de Terry Gilliam dans Brazil et Les Aventures du Baron de Münchausen et de David Lean dans Oliver Twist. 

Le film est présenté au Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2014, ainsi qu'au festival d'Annecy par le réalisateur Chris Butler.