Boston, fin des années 90. Un nouveau rédacteur en chef, Marty Baron (Liev Schreiber) arrive à la tête du Globe. Au sein du journal, trois investigateurs dirigés par Walter – Robby – Robinson (Michael Keaton) constitue l’équipe, un peu à part de Spotlight. Dès son arrivée, Marty va les convoquer: un édito a été publié sur l’affaire d’un prêtre pédophile. Il veut que l’équipe de Spotlight aille plus loin: qui était au courant, est-ce un cas isolé, pourquoi le Globe n’a pas poussé plus loin les investigations? D’abord étonnée, l’équipe va prendre l’affaire et, au fil des jours, va découvrir avec effroi les ramifications et le nombre (horrifique) de prêtres pédophiles à Boston et ailleurs. Pris dans leurs investigations, ils vont rencontrer les obstacles légaux, la loi du silence et surtout se confronter au plus grand scandale que l’Eglise ait jamais connu.
Ce film est tout simplement indispensable. Tout est parfaitement réalisé. La réalisation donc, l’ambiance musicale, le déroulement de l’histoire. Et que dire du jeu des acteurs… Bouleversant n’est même pas assez fort. On oscille sans cesse entre rester bouche bée face à l’histoire, la colère face au silence des autorités, la profonde tristesse face aux victimes et l’angoisse à l’idée que nos enfants, les enfants de nos proches puissent être confrontés un jour à ce genre de malades.
Pour ce qui est des acteurs, je pourrais faire sans difficulté un paragraphe sur chacun. Mais tous ont un rôle important et égal. Celui qui m’a surtout marquée c’est Mark Ruffalo. Certes, il a cette dégaine et ces mimiques un peu particulières mais il tient tellement bien le rôle que rien qu’en écrivant j’en ai encore des frissons. Dans son monologue que je ne peux expliquer sous peine de spoiler, il m’a fait couler les larmes sans que je m’en rende compte. Il m’a bluffée, scotchée, bouleversée.
Michael Keaton tire aussi son épingle. Quel grand acteur… Moi qui le vois encore dans le Batman de Burton, je suis réellement étonnée de savoir qu’il n’a pas fait grand chose pendant des décennies. Après Birdman le revoilà en état de grâce à Hollywood et ça n’est pas pour me déplaire. Il a un visage, un regard si expressifs! Le voilà en « coach » d’une équipe de journalistes et dans sa ténacité, il est plus que touchant. Voilà un homme qui veut aller au bout de l’enquête, malgré les risques que ça importe, en se foutant de qui il ira importuner.
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Mais au delà des acteurs connus ce sont surtout les victimes qui m’ont littéralement bouleversée (je sais, je l’ai été beaucoup): pendant le film, on rencontre deux victimes de prêtres. Et chacune d’elle va raconter comment ça s’est passé, comment le prêtre a réussi à amener la relation de confiance pour très vite passer à l’action. Je ne sais pas qui sont ces deux acteurs mais honnêtement, ils étaient (si je dis bouleversants vous allez crier à la redondance n’est-ce pas?)… vraiment poignants (mais du coup ça ne rend pas justice à leur talent).
Le film est efficace dans le déroulé du scénario. On suit avec eux les avancées, les statu quo, les questionnements (mais que ferais-je si j’apprenais qu’un centre de soin pour prêtres pédophiles se trouvait à deux pâtés de maison de chez moi?) et pour moi, c’est un grand film dans la veine de ceux qui ont retracé les grandes enquêtes (je pense notamment à Zodiac). On ne s’ennuie jamais, on est portés par le jeux des acteurs et à chaque instant on se dit « mais bon sang, c’est une histoire vraie », avec un sueur froide dans le dos. Vous découvrirez dans ce film jusqu’où l’Eglise est capable d’aller pour cacher ses brebis galeuses et surtout, vous découvrirez les résultats d’un chercheur qui a travaillé plus de 20 ans sur et avec les prêtres pédophiles. Je n’en dirais pas plus.
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Je pourrais continuer des heures sur l’intérêt de ce film, sur sa réalisation, que son incroyable vérité mais le mieux est encore d’aller le voir. Car au delà du jeu d’acteur, du talent du réalisateur et des scénaristes, gardez en tête que cette histoire est vraie. Et qu’elle continue encore au quatre coins du monde.
Note: 18/20