"Une enquête captivante, un grand film", proclame l'affiche...... Vraiment ?... Sur la forme, du classique amidonné, du linéaire - on se croirait visionnant une réalisation des années 80, au maximum. Sur le fond... Une charge très univoque sur l'Eglise....Porter sur la place publique, médias aidant (ici, cette cellule "Spotlight" d'investigation du "Boston Globe") le scandale (le silence des autorités ecclésiastiques - tout spécialement en Amérique du Nord - amplifiant l'ignominie des abus sexuels) est salutaire. Mais l'écho, cinématographique ici, aurait gagné en crédibilité, en profondeur, en sérieux, avec certaines informations "oubliées", au moins en conclusion ! Choisir les années 2001/2002 de cette "enquête" pour parler de la question n'a évidemment rien d'innocent - quand la question est loin d'avoir été épuisée ! Une petite impression de lynchage médiatique (le cinéma relayant la presse).... quand on ne vise qu'un aspect des choses... Benoît XVI, le pape émérite, a su "faire le ménage". On aimerait que les responsables politiques aient le même courage et la même dignité, quand les pédophiles sont enseignants laïcs, encadrants sportifs..... catégories (même en proportion) infiniment plus fournies en abuseurs sexuels que le clergé catholique ! Lors de son voyage aux Etats-Unis, en 2008, Benoît XVI reçut une délégation de victimes de prêtres pédophiles. En Australie, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, l'onde de choc se propagea, déliant les langues, exhumant des affaires anciennes, et d'autres, beaucoup plus récentes, après le rapport Murphy, aux E-U... En 2010, dans une lettre aux évêques irlandais, Benoît XVI reconnaissait les fautes du clergé, intimait l'ordre aux coupables de comparaître devant les tribunaux séculiers et condamnait les évêques pour leur silence complice. Du jamais-vu. Cette lettre fut suivie d'une autre envoyée aux évêques du monde entier, précisant le dispositif antipédophile (meilleur recrutement des prêtres - quand on sait qu'à 83 % ce sont des jeunes garçons les victimes.... collaboration avec la justice, etc.), puis d'un symposium l'année suivante, à Rome. 400 prêtres ont été défroqués par le Vatican, pour abus sexuels sur mineurs, sous le pontificat de Benoît XVI. Voilà ce que les auteurs de ce "Spotlight" (Tom McCarthy, le metteur en scène, et son coscénariste, Josh Singer) auraient dû, par honnêteté intellectuelle, faire (au moins...) figurer en fin de film.... Quant au réalisateur qui aurait le courage d'entreprendre le pendant de cette dénonciation du clergé catholique, ou plutôt les pendants, côté "autres confessions chrétiennes" (beaucoup plus d'affaires de pasteurs pédophiles aux E-U que d'affaires mettant en cause prêtres ou frères catholiques...), et plus encore côté "confessions non-chrétiennes".... celui-là n'est pas né..... La solide distribution de ce "Spotlight" compense (un peu) sa partialité et son peu d'intérêt cinématographique (une étoile pour cela).