Excellent, j'ai préféré cet opus au premier !
On retrouve dans ce nouvel opus les aventures d'Alice. Mieux que le précédent, selon moi, celle-ci part dans un voyage à travers le temps au Pays des merveilles. Comme chez Lewis Carol, elle plonge dans l'imaginaire sitôt que la réalité la met dans une situation critique, face à un obstacle de taille. Prise au piège en quelque sorte, elle choisit alors de franchir la barrière qui la fait basculer dans l'autre monde et qui est là, symbolisée par un miroir. Le Pays des merveilles est toujours aussi riche, coloré et peuplé de décors fantasques, parfois très imposants. Tel le château du Temps, une construction monumentale labyrinthique qui s'ouvre sur des pièces aériennes où flottent des montres portatives qui illustrent pour chacune une vie. Un seul geste du maître des lieux et le cadran se referme, un homme s'éteint...Ou encore on se souviendra du couloir du Temps, une galerie aérienne au dessus d'une mer agitée, où Alice navigue à bord de la Chronosphère pour franchir des portes qui sont ici symbolisées par des écrans visuels flottants. Superbe. Bien que d'autres films aient abordé le thème du voyage dans le temps, ils ne l'ont pas figuré avec de tels graphismes !
Quant aux personnages, il va s'en dire que l'on retrouve les compagnons de l'héroïnes : le Chapelier fou qui est, ici si humain et rationnel dans sa folie, la Reine blanche, égale à elle-même dans la grâce, le lièvre toqué et la Reine de cœur, toujours aussi égoïste et cruelle avec, en plus, une dimension mélancolique (car on découvre davantage son histoire). Mais la palme d'or revient, selon moi, au personnage du Temps. Déconcertant, d'abord par son style imposant mais aussi par ses répliques, d'un humour cinglant, par la gravité de son ton et aussi à cause du caractère tragique de cette course dont lui seul, a vraiment conscience : il l'avait prévenue mais Alice n'en fait qu'à sa tête...
J'ajouterais enfin qu'il est appréciable de voir une œuvre où les héros sont principalement des femmes. Si rare en littérature ou en film. Alice, bien sûr, qui est le moteur du récit : intrépide, vive, et indépendante. Et les 2 reines au visage opposé qui s'affrontent pour régner au Pays des merveilles car dans l'imaginaire de la jeune fille, ce sont bien les femmes qui ont le pouvoir (même si ce n'est pas elle). D'ailleurs, à la fin, après son retour dans la société réelle, elle poussera sa mère qui, comme la plupart de ses paires régentait le foyer, à devenir une femme d'affaire.
Bref, même si certains reprocheront à ce nouvel opus, le fait qu'il y ait moins de scènes absurdes, l'auteur ici préserve quand même la dimension du récit de Carol : illustrer par des aventures rocambolesques, la peinture de fantasques paysages, un discours philosophique, existentiel...qui nous transporte ici au cœur de la problématique du Temps.