Il a beau être l’un des plus grands succès de tous les temps en ayant dépassé la barre du milliard de dollars question recettes internationales (boostées par le tarif des places 3D, soit dit en passant), Alice au Pays des Merveilles version Tim Burton n’avait rien de bien transcendant. Juste un bon gros délire visuel (pas toujours réussi) atrocement fade et sans aucun panache. Quoiqu’il en soit, cela a permis de lancer les studios Disney dans une quête apparemment sans fin dans les adaptations live pour réitérer « l’exploit », sans pour le moment y parvenir (bien que le récent Le Livre de la Jungle s’en rapproche à petits pas). Mais aussi d’une exploitation outrancière du filon au point d’en livrer des suites alors que c’est déjà bien dispensable sur le papier (on parle déjà d’une séquelle à Maléfique). C’est dans ces conditions que sort Alice de l’autre côté du miroir, libre adaptation du roman de Lewis Carroll.
C’est avec l’idée « de continuer une saga parce qu’il le faut » et non celle « le premier m’avais plu, donc je poursuis l’aventure » que je suis allé voir ce film. Par là, il faut comprendre que je n’en attendais tout bonnement rien du tout. Pourquoi être allé le voir, me diriez-vous ? Même moi, je ne saurais vous répondre… Mais mon impression finale reste assez mitigée envers cet Alice au Pays des Merveilles 2, trouvant que cette suite possède de bien meilleures qualités que son prédécesseur, mais également des défauts encore plus défaillants que ce dernier. Tout cela pour dire qu’ayant malgré tout des différences avec son modèle, cette séquelle n’est ni meilleure, ni moins bonne que le long-métrage de Tim Burton. Juste un film tout aussi oubliable et sans âme qui peut faire passer le temps.
Par où commencer, franchement ? Eh bien, je dirai qu’à première vue, De l’autre côté du miroir s’annonce bien plus intéressant que son prédécesseur, d’un point de vue scénaristique. Et pour cause, derrière ses airs de conte pour enfants, le film veut traiter (
et il le fait d’entrer de jeu avec la situation d’Alice en tant que capitaine d’un navire
) de certains sujets plutôt matures comme la place de la femme dans la société (toute époque confondue). Mais surtout, il parvient via une pirouette temporelle (
utilisation du voyage dans le temps pour son intrigue
) à rendre certains personnages du premier opus enfin attachants, ce qui n’était vraiment pas gagné d’avance ! En somme, le film arrive à devenir bien plus accessible que la version de Tim Burton, notamment pour les plus jeunes qui y verront une leçon de vie bienvenue, qui s’amuse à détourner à son avantage (et de manière créative) toutes notions du temps. Après, divertissement signé Disney oblige, la surdose de bons sentiments et les séquences s’enchaînant sans raison viennent effacer les rares bonnes idées pour édulcorer le tout au possible. Fort dommage !
Même du côté visuel, Alice de l’autre côté du miroir se montre assez maladroit. Pourtant, le rendu final est de bien meilleure qualité que le film précédent. Pour cause, il suffit de regarder les nombreux plans et décors qui regorgent de détails plutôt amusants (
comme le look mécanique du Temps, le château en ronces et en forme de cœur de la Reine Rouge…
) qui régaleront les plus jeunes. Par contre, l’ensemble doit jongler entre des effets numériques incroyablement baveux (notamment en ce qui concerne les fonds verts) et d’autres de toute beauté (
l’océan du temps, véritable tableau !
). Le tout défilant avec bien plus de panache et d’énergie que dans le film de Tim Burton (le dernier quart d’heure est vraiment palpitant), ce qui permet aux spectateurs d’être un peu plus divertit qu’auparavant sans pour autant être émerveillés pleinement.
Pourtant, le réalisateur James Bobin semble avoir parfaitement compris qu’avec ce qu’il avait en main, il ne pouvait pas livrer quelque chose qui se prenne autant au sérieux que le premier opus. C’est pour cela qu’il s’est lâché niveau ambiance bon enfant, sur les couleurs pétaradantes, les références au livre (
les pièces d’échecs, Humpty Dumpty…
) et les jeux de mots sur le temps. Mais il n’a pu se défaire des looks discutables des personnages et l’interprétation de certains acteurs qui, même s’ils semblent s’amuser (Mia Wasikowska, Johnny Depp, Anne Hathaway…), rendent leur rôle respectif toujours aussi agaçant à écouter et à voir. Seul Sacha Baron Cohen sort son épingle du jeu en dominant le reste du casting, c’est pour dire !
Non, il n’y a vraiment rien à tirer de cette suite, si ce n’est un conte purement visuel qui séduira un chouïa le jeune public. Ni plus ni moins ! Pour moi, elle restera comme un produit hollywoodien estampillé Disney dispensable au plus haut point. Mais surtout comme le dernier film du regretté Alan Rickman (décédé il y a de cela quelques mois), qui prêtait sa voix à la chenille Absolem. L’entendre fait vraiment chaud au cœur et s’avère être le seul intérêt de ce long-métrage (alors que son « apparition vocale » ne dure que quelques secondes). En espérant qu’ils n’en sortent pas un troisième ! Mais bon, vu les recettes modestes de cet opus, il ne faudra pas s’attendre à revoir Alice retourner au pays des débilités.