"La Rançon de la Gloire" est un genre nouveau pour Xavier Beauvois qui nous signe là un petit bijou insoupçonné...
À la fois farce improbable et pourtant vraie à partir d'un fait divers sordide, cette comédie arrive pourtant à créer du Beau !
Après un début un peu lent certes, on se laisse conquérir et même envouter par ce duo, ou même ce trio, d'une tendresse débordante doublé d'une naïveté incroyable !
Seule l'adorable Samira, jouée par Séli Gmach, très touchante et intense, regarde ces deux compères, dont son père, avec intelligence et perspicacité en flairant de loin et de près leurs embrouilles !
Car tout cela sent bien l'embrouille, le plan foireux, le bricolage improvisé à l'issue par contre là, tout à fait évidente et assurée !
Et oui, voler le cercueil de Charlot et ainsi profaner sa tombe, est une affaire bien plus grave qu'Osman et Eddy ne se l'imaginent et les suites le seront encore bien davantage...
On se laisse donc séduire avec beaucoup de charme par ces trois personnages et leur vie loin d'être simple alors qu'ils sont même satisfaits de leur baraquement avec caravane, à défaut d'une vraie maison avec dépendance !
Ce projet fou va révéler des scènes fort émouvantes et drôles comme ce repas de pâtes qui n'en finit pas où les trois paires d'yeux en disent bien plus que des mots, tous rivés sur le journal télévisé qui leur annonce que les demandes de rançon pour ce cercueil arrivent de partout !!!
Benoît Poelvoorde et Roschdy Zem ont été pour moi rarement aussi bons que dans cette histoire qu'ils transcendent carrément à eux deux...
Le moindre geste, la moindre mimique est un plaisir en soi tant ces acteurs sont en phase avec leurs personnages d'égarés de la vie, de reclus à perpétuité à leurs tristes conditions comme le précisera leur avocat...
Rien ne les excuse pour autant même si cette misère leur colle à la peau, et pourtant on les regarde avec énormément de bienveillance et de sympathie !
En outre, de très belles scènes viennent ponctuer et illuminer le film et avant tout le regard émerveillé de la petite Samira, comme celles très belles du monde du cirque, petit clin d'œil évidemment !
Benoît Poelvoorde en clown improvisé, a une élégance folle et fait preuve de sensibilité comme jamais dans ce numéro si singulier.
Tout cela est bien brinquebalant, avec des hauts et des bas, certainement, du bric et du broc assurément, mais tout cet ensemble un peu fragile à l'image de nos anti-héros, est assurément très émouvant et d'un charme fou, avec en prime la musique de Michel Legrand, qui apporte au passage sa touche de magie.
Un conte avec un peu d'enquête, de l'ironie, beaucoup de tendresse et d'humanité surtout, afin de séduire l'âme d'enfant qui sommeille en nous et donc un bel hommage à Charlot en somme !