Le réalisateur Christian Philibert explique : "Il y a longtemps que je voulais emmener des acteurs d’Espigoule, Jean-Marc en particulier, à l’étranger. J’avais envie de les confronter à d’autres cultures, créer des rencontres avec d’autres tribus, jusqu’au jour où Jacques Dussart, un ami, qui a tissé des liens profonds avec les habitants de Toubacouta, au Sénégal, m’a lancé l’idée de réaliser un film en Afrique. L’idée était formidable, mais j’ai pris le temps, histoire d’attendre le bon moment, de sentir les choses. Nous en avons longuement parlé, l’idée résonnait de plus en plus fort en moi de montrer, par-delà nos différences, ce qui rapproche provençaux et sénégalais. Le fait qu’ils soient francophones était essentiel. Leur état d’esprit, leur art de vivre, leur faculté à rire de tout, et même leur passion pour l’OM, les ponts entre nos deux cultures s’avéraient finalement très nombreux. Mais il me manquait encore le deuxième personnage, celui qui devait accompagner Jean-Marc au cours de ce voyage. Je cherchais uniquement parmi les personnages des 4 saisons d’Espigoule et ne réussissais pas à le trouver. Le déclic s’est produit, lors d’une soirée d’été en 2011, chez Patrick Barra, mon ami et associé, au cours de laquelle était présent Mohamed Métina, acteur principal de Travail d’arabe, qui s’est lié d’une profonde amitié avec Jean-Marc depuis ce tournage. Et c’est ce jour-là que s’est imposée l’idée d’emmener Momo avec lui en Afrique. Jean-Marc était en train de vendre son bar à Espigoule, ce fut alors le point de départ de l’histoire d'Afrik’aioli."
"Afrik'Aïoli est une suite d'Espigoule, sans l’être vraiment", explique le réalisateur Christian Philibert qui poursuit : "On retrouve les personnages du village au début. Mais tandis qu'Espigoule s’enracinait dans un territoire, Afrik'Aïoli s’ouvre au monde. C’est en cela que les deux films se complètent. Entre les deux, j’ai réalisé Travail d'Arabe qui racontait les problèmes d’un jeune issu de l’immigration maghrébine en France. Avec Afrik'Aïoli, nous sommes allés encore plus au sud, en Afrique noire. Les trois films forment au final une sorte de triptyque méridional, moderne et décalé. Afrik'Aïoli est à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. Il diffère d'Espigoule qui revêtait une forme plus documentaire. Dans ce nouvel opus, les gens ne s’adressent jamais directement à la caméra."
"Il n'y avait pas de continuité dialoguée", raconte Christian Philibert. "Nous avons écrit avec Jacques Dussart une sorte de ligne directrice, un synopsis d'une quinzaine de pages. Le véritable scénario s’est écrit au jour le jour, pendant la durée du tournage et du montage et, à l’exception de mon carnet de notes, sans la moindre utilisation de papier. La mise en scène était basée sur des sortes d’improvisations guidées, dirigées, avec des figures libres, des figures imposées. Comme dans Les Quatre saisons d'Espigoule, nous sommes en permanence à la frontière du documentaire et de la fiction."
Jusqu'à la sortie de son premier long-métrage de fiction Les 4 saisons d'Espigoule, le réalisateur marseillais s'était exclusivement consacré à la réalisation de courts-métrages. A la manière d'un Ken Loach, il privilégie des acteurs non-professionnels et laisse une bonne place à l'improvisation.
Avec un budget de court-métrage, un tournage d'une durée de 15 jours et des séquences quasiment improvisées, on s'attend à une programmation en salles plus que réduite pour Afrik'Aïoli. Malgré tout, Christian Philibert croit beaucoup en ce film et compte sur le bouche-à-oreille. Avant sa sortie nationale à la mi-janvier, le film a déjà conquis 6 000 spectateurs lors des avant-premières projetées dans le Sud de la France.