Papa Lumière : les secrets du tournage

Ada Loueilh, la réalisatrice, a elle-même vécu en Côte d’Ivoire dès l'âge de 2 ans, avant de revenir en France quelques années plus tard. Elle a donc connu une expérience similaire à celle que vivent les personnages du film, bien que son départ n'ait pas été précipité. Ici, elle nous propose donc une relecture de son histoire familiale, toutefois rythmée par les évènements politiques de 2011 en Côte d'Ivoire.

Ada Loueilh signe ici son premier long métrage. Il a obtenu le prix du jury Sopadin Junior du meilleur scénario en 2012. Le scénario a également été retenu au Forum des Auteurs 2012 du Festival International des scénaristes.

Lors du tournage du film, Julia Coma n'avait que 15 ans. Elle commence donc très jeune dans un milieu qui lui est inconnu, face à Niels Arestrup et son imposante carrière : "Ma mère avait eu le scénario entre les mains. Elle me l’a donné à lire et je l’ai aimé, parce que cette jeune fille qu’il fallait interpréter avait des points communs avec moi : mes parents sont séparés – je connais peu mon père, je vis avec ma mère –, et que je suis aussi, à ma façon, une métisse, puisque ma mère est bretonne antillaise et mon père, camerounais… Et puis, je connais assez bien l’Afrique, qui est la passion de ma mère. Donc, je suis allée au casting. Pour voir. Sans être sûre de vouloir passer les essais. Et puis je suis restée et j’ai été prise", explique la comédienne.

Ce qui a séduit Niels Arestrup dans le projet est l'authenticité primaire et brute du scénario. Son personnage est porteur d'un vécu qui l'habite dans son entier, et c'est ce qui a plu au comédien, lequel raconte : "Il n’y avait rien de factice, rien de fabriqué dans cette histoire là. En outre elle avait une vraie singularité. Je n’avais jamais rien lu d’équivalent."

Lors de l'écriture du scénario, Ada Loueilh avait déjà en tête Niels Arestrup pour interpréter le personnage principal, rôle qui renvoie au propre père de la réalisatrice. Elle explique son choix : "J’ai écrit le rôle d’après ce personnage qu’était mon père, comme le solde de sa vie africaine, mais je l’ai aussi écrit tout du long en ayant en tête le corps de Niels, ses attitudes vues dans d’autres films". 

Le film a été tourné en grande partie à Nice. Les séquences africaines en revanche ont été réalisées en Côte d'Ivoire à Grand Bassam, près d'Abidjan. Cette ville est connue pour avoir été la première capitale coloniale française du pays. De manière plus générale, le tournage s'est déroulé entre le 1er juillet et le 9 août 2013 entre Paris, Nice et la Côte d'Ivoire.

Ada Loueilh a choisi Nice comme lieu d'arrivée des personnages dans le but de marquer le contraste entre l'Afrique brute de ceux qui ont tout perdu et le côté plus urbain et luxueux de cette ville de la Riviera. Elle raconte : "Même si Nice, ce n’est pas que ça, et qu’on a justement privilégié des coins urbains plus populaires, comme les abords directs de la gare ou le Vieux-Nice, dans lequel on a été accueillis par l’antenne locale de la Croix-Rouge et où subsistent des poches d’habitats populaires; celles d’hommes et de femmes très précaires… Cela dit, c’est vrai aussi que je ne voulais pas enterrer mes personnages dans la morosité : ces rapatriés privés de tout, je voulais que les rares fois où ils sortent, on sente des décors vibrants autour d’eux, ce luxe de beauté et de couleurs qui est en quelque sorte la nature de Nice…"

Bien que Papa Lumière soit le premier long métrage de la jeune réalisatrice Ada Loueilh, cela n'a nullement effrayé son équipe, à commencer par Niels Arestrup. L'inexpérience de sa partenaire de jeu, Julia Coma, ne l'a pas dérangé non plus. Il explique : "Cela n’a pas influencé ma façon d’être, de me comporter. Débutants ou expérimentés, les comédiens jouent ensemble. Ce qui compte, c’est ce que la caméra retient de ce face-à-face…". Julia Coma, quant à elle, s'est sentie "protégée" sur le tournage, malgré la dimension impressionnante propre à cette première expérience cinématographique.