Rose Bosch explique comment le projet est né : "Après La Rafle et ses décors forcément clos, j’ai eu envie de tourner dans le sud où j’ai grandi, dans les Alpilles que je connais par coeur, et où je passe le plus de temps possible. Envie d’horizons vastes, de liberté, de célébrer la vie. D’un film solaire. Et de parler de la seule chose qui console de vieillir : les liens qui durent. Qu’ils soient familiaux ou d’amitié". L'idée du film lui est venue de ses grands-parents : "Je les ai peu connus, mais j’en garde un souvenir poétique. Et un grand vide. Et puis j’avais envie de décrire un clash de génération peu exploré : entre grands-parents et petits-enfants. J’aime le fait que les « papis » d’aujourd’hui sont les hippies d’hier. Ils ont protesté contre le Vietnam, connu Woodstock, conspué la consommation… Et les voilà confrontés à la génération « Y » celle du numérique. Révoltée, mais consumériste à mort."
Avis de mistral marque la deuxième collaboration de Jean Reno avec la réalisatrice Rose Bosch, après La Rafle en 2010. L'acteur est également attaché à un autre projet de la cinéaste, une fresque historique consacrée au destin de Raspoutine.
C'est apparemment Jean Reno qui a réclamé Hugues Aufray pour interpréter le rôle du vieux hippie joueur de Bob Dylan. Certes un petit rôle, mais surtout la seconde apparition du chanteur français sur le grand écran, à l'âge de 84 ans. Sa première expérience cinématographique date d'une cinquantaine d'années et s'est faite aux côtés de Brigitte Bardot, Paul Meurisse et Sami Frey dans La Vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot. Malheureusement, une mauvaise entente entre le réalisateur et le chanteur lui fit claquer la porte du studio.
Lorsque Rose Bosch apprit qu'elle était en dessous du budget prévu alors qu'elle avait terminé le tournage d'Avis de Mistral, elle voulut se concentrer sur la musique, celle de son enfance. C'est pourquoi des morceaux de Bob Dylan, Simon and Garfunkel et Deep Purple émaillent la bande originale du film. Quant à Hugues Aufray, qui joue lui-même du Bob Dylan, il reprit le morceau 17 fois pour les besoins du tournage en pleine nuit, autour de 2h du matin. La réalisatrice n'ayant pas le coeur de couper, tous les morceaux furent filmés en intégralité, l'équipe technique se retenant d'entonner le refrain avec les acteurs.
On a pu voir sur le compte Twitter d'Avis de mistral une photographie montrant Jean Reno et Hugo Dessioux en pleine partie de jeu vidéo, probablement sur une Xbox kinect.
Avis de mistral propose à Jean Reno son premier rôle de grand-père, mais également la découverte d'une nouvelle génération d'acteurs. On retrouve Hugo Dessioux, plus connu sous le pseudo d'Hugo tout seul, qu'on avait précédemment pu voir dans Fonzy (2013), ainsi que Chloé Jouannet, la fille d'Alexandra Lamy et de Thomas Jouannet, qui débarque pour la première fois sur grand écran à tout juste 16 ans.
C'est ce qu'a dit Rose Bosch à Jean Reno en pensant au prochain rôle qu'elle pourrait lui donner. Elle voulait lui créer un personnage sensible mais bourru, marqué par le temps, différent des rôles de gros durs confiants qu'il incarne habituellement. Paul, le grand-père d'Avis de mistral, fut alors construit sur cette déclaration. Cela fait apparemment dix ans qu'elle pensait à lui construire un tel personnage sur mesure.
Lorsque Léa, dans le film, traite son grand-père Paul de "gros alcoolique", celui-ci lui administre une solide claque. Or, lors d'une prise, Chloé Jouannet ne fut pas synchro avec Jean Reno qui la gifla véritablement jusqu'à la faire saigner de la lèvre !
Rose Bosch retrouve, dans Avis de mistral, sa région natale, puisqu'elle est originaire d'Avignon, mais elle n'est pas la seule à avoir ses marques au pays des oliviers. Jean Reno, outre son métier d'acteur, nourrit une passion sans limites pour l'huile d'olive, qu'il cultive et pour laquelle il s'est battu afin que, dans la région, elle bénéficie de l'appellation "d'origine contrôlée".
Après l'intense drame historique La Rafle, Rose Bosch s'attaque à la comédie familiale avec Avis de mistral. La réalisatrice explique qu'il y a un point commun entre ces deux films : "La Rafle, Il y a un lien fort : les enfants. Apparemment, j’aime les filmer… Je dis « apparemment », parce que je l’ai réalisé récemment. Ils sont dans tous mes projets… J’aime leur regard sur nous, les adultes. Leur spontanéité. Surtout celle des plus petits, avant le « formatage »."
Jean Reno nous en dit plus sur Paul, le personnage qu'il interprète : "Il y a un peu de mon père dans Paul. Ce n’était pas quelqu’un de bavard. Il avait beaucoup de mal à dire à ses enfants qu’il les aimait. Il n’était pas rustre, il était pudique. Dans le film, les silences du personnage sont importants. Toute la jeunesse de Paul s’est faite dans le chaos, le bruit, la fureur et le drame. ll essaie de panser cette époque de sa vie en se cachant, en allant dans ce coin où il pense que l’olivier va lui donner du baume au coeur. L’arbre lui redonne un rythme, un esprit, un but. Dans ce mas isolé de tout, il s’est reconstruit un personnage à des années-lumière du chaos qu’était sa vie."
Lors d'une scène où Paul pointe Tiago de son fusil, on pourrait croire qu'ils sont à 10-15m l'un de l'autre. C'est un pur effet de perspective puisque Jean Reno se tenait en réalité à plus de 150m du comédien. Un assistant hurlait même à Tom Leeb les répliques du grand-père, inaudibles depuis le bord de l'eau à cause du bruit des vagues et du vent.
Avant de s’atteler cette comédie, Rose Bosch planchait sur Raspoutine, une grande épopée, portée par Jean Reno, dont le tournage devait débuter en février 2011 en Russie. Finalement, le projet a été décalé, poussant la cinéaste à réaliser Avis de Mistral. Elle se confie au micro d'AlloCiné :
"Je pense que les événements politiques influent sur les tournages (...) On sait très bien que, parfois, on est obligés de changer de pays... Mais moi, je n'imagine pas tourner quelque chose de russe, de la Russie tsariste, sans les décors de l'époque. (...) C'était le plus grand empire européen. Donc, on ne peut pas trouver des décors comme ça ailleurs, ce n'est pas possible."
"Il a été décalé dans le temps pour tout un tas de raison logistiques et aussi climatiques. Par exemple, je ne peux pas imaginer faire le film sans neige. Parce que la Russie tsariste en été, bon... Quand même, Saint-Pétersbourg, l'hiver, c'est beaucoup mieux. Donc, je voulais absolument tourner en février. Ça suppose que tout le monde, les comédiens, le budget, tout doit être prêt en même temps trois mois avant, car c'est trois mois de préparation. C'est ce qui est le plus difficile. C'est comme pour 1492 : Christophe Colomb (le film de Ridley Scott dont Rose Bosch était scénariste, ndlr), quand on était sûrs qu'il fallait le sortir avant le 12 octobre. Ça met une pression terrible."
Avis de Mistral est distribué au Québec sous un autre titre : Un été en Provence. Traduit directement du titre américain (My Summer in Provence), ce titre a été retenu pour deux raisons simples, selon le distributeur canadien Métropole Films Distribution : "le mistral est un vent qui souffle sur le Sud de la France et la Sardaigne : cela n’a donc aucune résonnance au Québec. Il faut aussi mentionner que la Provence est une région que les Québécois affectionnent beaucoup".