« Trust me, this is real, this is my neighborhood. »
Spécialiste des comédies fantastiques dans les années ’80, Joe Dante réalise en 1989 The ’Burbs/Les Banlieusards après deux grands succès du genre, Gremlins (1984) et L’Aventure Intérieure (1987). Au casting, on retrouve un excellent Tom Hanks spécialisé dans les comédies à l’époque, une Carrie Fisher parvenant à faire oublier son personnage de la Princesse Leia, un Henry Gibson familier de l'univers de Joe Dante et de John Landis et un Corey Feldman, déjà présent dans Gremlins mais aussi dans les Goonies (Richard Donner, 1985) et Stand by Me (Rob Reiner, 1986). D’autres interprètes moins connus complètent la distribution, dont, dans un petit rôle, Dick Miller qui a joué dans presque tous les films de Joe Dante.
Plus que la trame principale du scénario, qui tient en haleine à la façon d’une enquête, c’est l’interaction entre les personnages archétypaux de ce cul-de-sac résidentiel et bourgeois qui porte le film : le héros rationnel et respectueux des lois, le copain un peu enveloppé qui mange tout le temps et débite des âneries, le vieux grincheux patriote qui a épousé une jeune femme aux formes généreuses, le jeune qui écoute fort de la musique et que les adultes font taire… pour un peu on se croirait dans une aventure d’Astérix, coincé dans son village d’irréductibles en huis-clos.
À travers ces personnages, il y a aussi une féroce critique de la société suburbaine, composée de mâles blancs, middle-class, armés et intrusifs, allergiques à tout ce qui n’est pas la norme (une maison entretenue, un jardin propret), et observant à la dérobée les étrangers à leur monde, au nom bizarre, leur prêtant des intentions néfastes. Détail amusant, lorsque Ray/Tom Hanks semble prendre le parti de sa femme, les propos sexistes lui tombent dessus.
Là où Joe Dante libère tout son potentiel artistique, c’est dans le savant équilibre entre comique et frisson fantastique qu’il saupoudre de culture populaire, notamment via les films qui passent à la télé ou qui sont évoqués par les protagonistes ou en reprenant les codes visuels des anciens films d’horreur (jeux d’ombre, travelling en gros plan, détails) et sonores (musique à l’orgue, bruits, cris). On pourra d’ailleurs regretter que ce potentiel n’ait jamais pu, à nouveau, être exploité ainsi par la suite.