Regarder The Martian a été une expérience curieuse. En effet, si le film commence sur les chapeaux de roues, et nous impose d'emblée un rythme malin basé sur trois plans d'action différents (Terre, Hermès, Mars), cet effet d'agréable surprise s'essouffle malheureusement par la suite et ce, jusqu'à une happy end inintéressante et privant de tout enjeu le reste du film... En fait, peut-être ai-je commis une erreur d'interprétation dès l'origine, en croyant que l'on y "dénonçait" par exemple le pouvoir des médias et de l'opinion publique sur les politiques de conquête spatiale d'un gouvernement américain devenu ici totalement transparent. En effet, dans The Martian, tout doit être dit au public, à cette masse informe que l'on ne voit qu'à de rares moments, regroupée dans les rues de New York ou de Londres ou représentée par une salle remplie de journalistes. On se demande alors si tel serait vraiment le cas dans la réalité. Personnellement, je doute que l'utopie construite ici trouve à exister dans notre monde, où l'on préfèrerait très certainement abandonner un homme seul, perdu sur une planète lointaine, plutôt que de dépenser plusieurs nouveaux millions pour aller le chercher. Mais c'est mon esprit complotiste trop cartésien qui produit cette hypothèse... Ne parlons pas non plus de la fameuse alliance USA/Chine tout sourire qui, finalement transmet un vrai message d'unité mondiale et de solidarité humaine. C'est mignon, mais un peu naïf tout ça, non ? Mais là n'est pas le problème fondamental du film, car s'il n'y avait que cela, j'aurais été bien moins sévère dans ma notation. En effet, le principal souci est que le film prend le spectateur pour un enfant de 6 ans. Il se sent obligé de tout lui expliquer de A à Z, alors même que, contrairement à Interstellar où les propos étaient métaphysico-scientifiques et nécessitaient évidemment quelques sous-titres pour nous y intéresser, ici, c'est du pur blabla qui sert juste à nous dérouler l'intrigue sous les yeux, au cas où les images ne parleraient pas suffisamment d'elles-mêmes. Au début, on n'y prête pas trop attention, surtout lorsque Matt Damon nous explique ses plans, car il est seul et que le fait de parler à la caméra montre qu'il cherche simplement à transformer rationnellement une schizophrénie qui menace de l'atteindre à tout instant. C'est donc tout à fait logique. Mais très vite, on s'aperçoit qu'on nous balade d'une scène à l'autre en nous prenant la main pour ne pas nous perdre (alors qu'il n'y a pas vraiment de raison...). Il y a bien toutefois quelques bonnes scènes, prévisibles certes, mais où l'on ressent un bon suspens. Par exemple,
lorsque Watney perce sa combinaison pour se propulser vers Lewis à la fin du film... Bon d'accord, c'est quand même moyen original et si la recette Gravity fonctionne ici, c'est bien la dernière fois !
. Sinon, il y a d'autres bons éléments. Ainsi, le personnage incarné par Matt Damon est très attachant, avec son enthousiasme inaltérable, qui fait de lui un éternel enfant jouant avec la technologie comme s'il jouait avec des Lego. C'est pas tout à fait crédible, mais ça en fait, on s'en fout un peu. Ensuite, la B.O. est très bonne, même si on trouve dedans les belles sonorités de Moon. Enfin, on rit quand même un peu, et même si certaines scènes s'avèrent dramatiques, il s'agit clairement d'une comédie. Ainsi, si sa nomination aux Golden Globes en tant que comédie était sensée, j'ai beaucoup de mal à comprendre comment The Martian a bien pu l'emporter face à une vraie comédie qui s'assume : Spy... Bref, The Martian n'apporte pas grand chose de plus au cinéma de SF et sa vision simpliste de la vie en fait une oeuvre trop naïve et peu crédible.