Jean Dujardin a su prouver par le passé qu'il pouvait exceller dans des rôles un peu plus graves comme dans le très bon Le convoyeur de Nicolas Boukhrief et Contre-enquête de Franck Mancuso. Dans La French, non pas qu'il soit mauvais mais son fameux haussement de sourcil rendu célèbre par OSS 117 donne envie d'éclater de rire à chaque fois. Donc forcément en juge incorruptible en lutte contre le trafic de drogue à Marseille mettant lui-même la main à la pâte pour coffrer les voyous, je n'y crois pas un seul instant. Mais Gilles Lellouche et lui, potes dans la vie, ont suffisamment de charisme pour ne pas être pris en défaut. Le Marseille des années 70 est reconstitué jusque dans ses moindres détails. La bande-son, les bagnoles, même le jingle de la Gaumont qui introduit le film m'a rappelé quelques vieux souvenirs. De ce point de vue là, le film n'a pas à rougir de Mesrine sorti quelques années plus tôt. Mais La French rappelle certains polars des années 70, ceux de Verneuil, de Lautner ou de Deray. Ou de Scorsese et Coppola. Avant d'être un film policier ou un biopic, j'ai senti la volonté du réalisateur, fort de ses deux têtes d'affiche bien connues du grand public, de faire avant tout un film populaire et il n'y a aucun mal à ça. Pour en revenir à Marseille, le parallèle est assez saisissant entre les années 70/80 (la période du film en gros, la fin du Giscardisme et l'arrivée de Mitterrand au pouvoir) et aujourd'hui. Marseille reste une ville gangrénée par la drogue, le meurtre et la corruption jusqu'à son plus haut niveau malgré les changements d'époque, de président, de ministre, de maire, tout ce que vous voulez. A moins que ce ne soit ultra-romancé, c'est d'ailleurs dit au tout début du film que c'est librement inspiré de faits réels, cela fait froid dans le dos. A part ça, je suis sûr que c'est une très belle ville. Donc ma foi, on a affaire à un bon polar, assez ambitieux, avec de gros moyens, des figurants, une bonne reconstitution de l'époque et un duo d'acteurs sympathiques.