Le bon, la brute et les truands
Mention : Moyen plus
La French se connecte étroitement avec un film sorti une semaine plus tôt. Secret d'état racontait déjà la lutte solitaire d'un homme intègre dévoué à la société qu'il sert. Le contexte est assez semblable, combat acharné contre le trafic de drogue, le tout inspiré de faits réels.
Encore une fois on aperçoit seulement les véritables ravages de l'addiction. La jeune Lilly campée par Pauline Burlet (encore très convaincante après son apparition dans Le Passé) est profondément sinistrée. Dommage que ce rôle révélateur soit aussi secondaire. Sa présence se conclut sur un moment de réelle émotion. Cette histoire emblématique est traitée trop succintement mais avec authenticité. Le reste de l'intrigue et des personnages est bien plus distinct. On est dans la reconstitution du fait-divers.
Paradoxellement c'est concrètement la partie sensée être la plus réaliste du récit. Pourtant la part du scénario consacrée à la terrible Lilly (à priori celle où l'imaginaire est le plus libre) est la plus saisissante. Les faits de nototiété publique sont souvent très mal amenés, sur la fin plus particulièrement. Il se dégage une approximation assez évidente dans la narration de ces évènements.
Les mésaventures du Fou de Benoît Magimel en sont le plus symptomatique. Ses futurs agissements sont d'abord très téléphonés, puis au moment de les conclures c'est absurde. Ou ce calculateur est complètement stupide et incapable d'anticiper les conséquences de ses combines, ou il préméditait sa resistance surhumaine. Quelqu'il soit c'est incongru.
Toute la conclusion est aussi bâclée. Il y a un manque énorme de clarté dans l'évolution du récit. Comme un jeu de Domino dont les deux dernières pièces tombent soudainement, sans raisons apparentes.
La part belle est faite à la femme de Zampa, sublime Mélanie Doutey (étonnement toujours très juste dans ce film), qui s'avère être un personnage d'aucune importance au récit. Autre actrice qui signe une performance dans un rôle très secondaire, Céline Sallette. Elle parvient quelque peu à apporter des sentiments, ce grâce à un bon duo avec Jean Dujardin.
La French se focalise avant tout sur la confrontation Lellouche / Dujardin. C'est regrettable car en cela le film tombe bel et bien dans les stéréotypes du polar à la française. On ne sort plus de l'éternel duel bon flic/mauvais bandit (ou inversement), toujours incarnés par les mêmes acteurs.
Pour cette fois, exit Joey Starr, Lanvin, Niels Arestrup ou encore Roschdy Zem...
La simplicité avec laquelle est construite le scénario condamne toute surprise présumée. Sans connaître les faits originaux, les twists et le dénouement de l'intrigue sont plus que prévisibles. Enième joute verbale en milieu urbain Cette surenchère de répliques bien placées est assez fatiguante. A ce jeu, Gilles Lellouche est pas gagnant. Sa leçon allégorique tient la ligne, mais c'est quand même imbuvable. Jean Dujardin n'a rien d'un juge dans la peau de ce Pierre Michel, mais il a tout d'un flic. Il est très bon.
Comme dans (presque) tout polar c'est la forme qui prime et non le fond. Il ne faut surtout pas chercher un quelconque message ou dénonciation dans cette reconstitution.
D'un point de vue restranscription des faits cela semble donc négligé, néanmoins la reconstitution historique assez irréprochable. Les moyens n'ont pas été lésinés pour rendre crédible cette plongée dans la fin des années 70, début 80. Voitures, mobilier...et surtout bande-son. Comme le laissé présager la bande-annonce (seule chose de bonne augure de celle-ci), le choix des musiques est emballant. Qui plus-est l'utilisation de ces morceaux est assez subtile. Les morceaux ne sont pas uniquement balancés en fond pour accentuer l'action ou tirer la larme. Le montage trouve toujours une raison de mettre de la musique. Notamment Le Krypton sur la fin, qui est un vrai bijou de décors.
Ce premier film en solitaire de Cédric Jimenez (Au yeux de tous) est assez captivant grâce à une mise en scène plutôt maitrisée et des acteurs qui font le job. C'est pas mémorable du tout, ni original, mais ça passe pour une fois.
Note : 11/20