Au pays des incohérences et de la fainéantise, il y a parfois un nanar qui s’y cache. Neil Breen est un de ces pionniers qui œuvrent non pas à en faire des illustrations du genre. Par définition, c’est dans la maladresse et dans l’absurdité que naissent ces films qui encouragent le spectateur à en rire plutôt que de les prendre au sérieux. Et c’est dans ce no man’s land de la décadence qu’on essayera, parfois, de prendre un malin plaisir à décortiquer toutes ces fourberies, car d’un point de vue technique, il y a assez de matière à en extirper une comédie improbable...
Pourtant, afin de toucher la sensibilité du spectateur, il use du code beauf au détriment d’un parcours humain avant tout. En prenant en compte les nombreux stéréotypes, alignant bimbos sur bimbos, nous avons l’impression de ne pas considérer Breen comme un homme à part entière et ce serait justifié à différents niveaux de lecture. Aussi étrange que Tommy Wiseau, le cinéaste amateur tente d’exploiter un drame humain, parsemé de relations incomplètes et d’un complot mal engagé. On identifie le polyvalent Breen dans une démarche très très lente. D’entrée de jeu, c’est le mystère et un brin de passion qui se heurtera à un par choc, sans plaque d’immatriculation, donc sans identité. Entre Dylan, où Breen lui prête son charisme monotone, et Leah sa bien-aimée de sa jeunesse, nous avons recours au destin ou à des raccourcis scénaristiques, mal coordonnés pour justifier un amour perdu ou amour dont on ne comprendra pas réellement les enjeux dans ce mélodrame qui cabotine.
Nul catalyseur nous aidera à panser un tourment qui ne joue plus sur le suspense. Lorsque c’est long et lent, c’est inintéressant et cela nous sort facilement d’un récit qui déstabilisera même l’âme du nanardeur la plus pure. Des cuts improbables, il y en a, tout comme des cadrages sur des pieds, sans inertie et des tonnes de plans face caméra, en plongée et contre-plongée. La succession de chaque outil cinématographique est à usage répété et sans modération. Ils n’apportent rien, si ce n’est un éventail de possibilités qu’un amateur viendrait tout juste de découvrir et qu’il souhaite dévoiler au monde, comme s’il s’agissait d’une révélation dont il est l’un des premiers à avoir eu la noblesse de mettre en pratique. C’est à la fois déconcertant, mais compréhensible dans le cinéma qui s’ouvre aisément à un public qui cherche à se faire écouter. Breen use ainsi de la technique visuelle et sonore comme pour se lancer dans un pamphlet trop sérieux à ses yeux. Le culte de l’amour et des trahisons ne sont pas perçus comme il le faudrait, mais à défaut, on se permettra de retenir des fous rires dans des mises en scène les plus loufoques, qui à saccager des ordinateurs portables éteints, car ce sont peut-être bien eux les véritables victimes de l’auteur.
“Fateful Findings” n’est donc ni plus ni moins un nanar qui assume beaucoup trop ses propos, lourds de sens si l’on prend le recul nécessaire, mais le surnaturel et les relations inhumaines rattrapent ces moindres enjeux, conduisant les comédiens à continuer de ronger leur maladresse dans le jeu. Piratage informatique ? Secrets du gouvernement ? Reliques magiques ? Le film abordera tant de sujets, si bien qu’il n’en résoudra aucune dans l’interminable parcours d’un Neil Breen, ancré dans une réalité annexe, là où il nous sera impossible d'entrevoir une once de justification ou de guérison pour cet homme qui se heurte à sa propre conscience, synonyme de prison entropique et d’un idéal abstrait, à défaut de se révéler utile si on passe par un autre orateur.