"La Vie est un long fleuve tranquille" à la nippone, avec les Saiki en Groseille (couple modeste et provincial - mais besogneux, on est au Japon, où le taux de chômage est à 4 %, contre, officiellement, 10,5 % en France, en fait beaucoup plus, en dépit d'astuces diverses du pouvoir pour le minimiser) et les Nonomiya (père issu d'un milieu modeste, ayant, lui, bien réussi - architecte attaché à un prestigieux cabinet tokyoïte, appartement confortable dans une résidence et Lexus, mère, fragile de santé, au foyer) en Le Quesnoy. Si les "pauvres" ont 3 enfants (ce qui est déjà beaucoup dans le Japon contemporain), les "riches" n'ont qu'un fils, mais l'argument de base soutient encore la comparaison avec le film de Chatiliez, puisque la raison de l'échange des nourrissons est du même ordre. Mais rien de pittoresque et de cocasse ici - c'est un "drame", dont il est question.
Du réalisateur, Hirokazu Kore-eda, je ne connais que "Still Walking" (2009) - noté alors : "grand film, mais dont l'accès se mérite". Encore une histoire de famille avec ce "Tel père, tel fils", au récit resserré sur Monsieur Nonomiya et son "faux" fils de 6 ans, Keita, mais renvoyant le jeune et brillant Ryota à ses propres rapports avec son père, pour une affaire compliquée mettant également en péril son couple, et le conduisant à une remise en cause de sa vie en général - l'autre famille, repoussoir d'abord (lui montrant ce que son humble extraction aurait dû l'amener à construire, si, à force d'énergie autant que de talent, il n'avait réussi à s'élever intellectuellement et socialement), puis miroir tendu (réussir, est-ce une simple question de position enviable ?). Donc histoires de familles, au pluriel plutôt - voir le portrait de groupe, qui fait l'affiche (permettant de voir immédiatement ce qui semble clocher, dans les paires père/fils - mais la génétique ne fait évidemment pas tout). Et, hélas, petit film, d'accès facile. Les touches impressionnistes de la mise en scène, qui évitent de surcharger en bon gros pathos, ne suffisent pas à compenser les défauts : répétitions, longueurs et délayages, dialogues creux, psychologie simplifiée.... Le seul intérêt, pour le spectateur occidental, vient du dépaysement dû à la société nippone - la même trame, avec le même traitement languissant, pour des personnages familiers, et le vernis craquerait au bout d'un quart d'heure - le film dure 2 heures...... Une mention aux deux gamins, nettement plus à l'aise que les adultes.