Salvo : les secrets du tournage

Salvo a remporté le Grand Prix de Semaine de la Critique du Festival de Cannes lors de sa 52ème édition, ainsi que le Prix de la révélation France 4.

Bien que le scénario de Salvo ait été rédigé avant Rita, un court-métrage de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, il s’en inspire pourtant fortement : "Le court-métrage a été réalisé alors que le scénario de Salvo existait déjà. Ce sont deux histoires différentes avec des éléments-clés en commun : une jeune fille aveugle nommée Rita, Palerme, et comme élément perturbateur, un étranger s’introduisant par effraction dans la maison de Rita. La réalisation du court-métrage a eu une influence sur l’idée que nous nous faisions du personnage de Rita dans Salvo."

Les réalisateurs/scénaristes sont tous deux originaires de Palerme. La ville sicilienne s’est donc imposée comme une évidence : "Palerme est un monde où la liberté est dangereuse, (…) C’est tout naturellement que nous avons été attirés par une histoire sicilienne, qui puisse refléter notre propre relation à la Sicile, à la manière dont celle-ci est le plus souvent représentée, et comment ces formes narratives ont progressivement été piégées et prises dans une forme et un contenu qui sont devenus ringards, et très souvent dépassés. (…) Nous avons ressenti le besoin d’apporter une nouvelle vie à ces aspects."

Mettre en scène la cécité du personnage de Rita de manière à ce que le spectateur ressente ce handicap était un véritable casse-tête. Pour se faire, les deux cinéastes ont eu l’idée de braquer la caméra sur elle et de supprimer les contrechamps : "On ne peut voir ce que Rita a devant elle car elle non plus ne peut le voir", précisent Fabio Grassadonia et Antonio Piazza.

Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont repéré pour la première fois l’acteur palestinien Saleh Bakri dans le film Le Temps qu’il reste : "Le personnage qu’il joue dans ce film, comme notre Salvo, parle très peu, et révèle pourtant une humanité profonde et tourmentée. Nous avons tellement aimé la performance de Saleh qu’en sortant de la salle nous l’imaginions déjà dans le rôle de Salvo. Nous avons ensuite découvert que Fabrizio Mosca, producteur italien de Salvo au même titre que Massimo Cristaldi, connaissait déjà Saleh Bakri par l’intermédiaire de son père, le célèbre acteur palestinien Mohammad Bakri."

Tout au long de l’écriture de Salvo, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont été accompagnés et épaulés par le scénariste allemand Franz Rodenkirchen.

Les réalisateurs souhaitaient donner une ambiance spéciale au film. Ils ont donc décidé de tourner sous une extrême chaleur estivale : "Nous voulions que nos personnages soient immergés dans une atmosphère particulière. Un état d’esprit qui ne soit pas simplement un cadre photographique. Le genre de conditions lourdes, poisseuses, malsaines qui pourraient avoir aidé à façonner ces âmes que nous rencontrons dans notre histoire."

Salvo s’ouvre sur une scène qui pourrait le classer dans la catégorie film d’action. Mais alors que la vie des deux protagonistes se voit chamboulée, le genre du long-métrage prend un virage à 180°, comme l’expliquent Fabio Grassadonia et Antonio Piazza : "Nous pensions être dans un certain type d’histoire et nous nous retrouvons soudains dans une autre histoire née de la première. Comme spectateurs, nous sommes progressivement conduits dans une nouvelle histoire, alors que Salvo et Rita y plongent, forcés d’apprendre à se connaître l’un l’autre et d’accepter cette expérience."