La fille du 14 juillet est le premier long métrage du touche-à-tout Antonin Peretjatko, qui à 37 ans a déjà été scénariste, monteur, ingénieur du son, et a réalisé des courts métrages remarqués. Le film est en course pour la Caméra d'Or à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2013, destinée à mettre en avant les oeuvres de jeunes réalisateurs.
Vimala Pons tient le haut de l'affiche pour la première fois dans La fille du 14 juillet, après avoir obtenu des seconds rôles dans Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé (2012), Bazar (2009) ou La Sainte Victoire (2008), aux côtés de Clovis Cornillac et Christian Clavier.
Si le cinéma d'Antonin Peretjatko passe souvent pour un cinéma improvisé, il s'agit d'une idée reçue que tient à corriger le réalisateur : "Il n’y a rien de plus faux. C’est écrit à la virgule près. Comme le plan de travail est très lourd, je ne pars jamais en tournage sans un découpage précis, avec un repérage des décors, un plan au sol pour la position de la caméra, parce que sinon je sais que je vais perdre énormément de temps", déclare-t-il.
Antonin Peretjatko a incorporé dans La fille du 14 juillet des images d'actualité, mais qu'il a tournées lui-même, proposant ainsi sa vision très personnelle du réel.
Les acteurs présents sont familiers d'Antonin Peretjatko, ceux-ci ayant déjà tourné dans des courts métrages qu'il a réalisés. Le cinéaste est cependant conscient des limites qu'impose un tel choix : "L’avantage c’est que ça va plus vite pour les diriger, l’inconvénient c’est s’ils se sentent automatiquement reconduits pour le film suivant", confie-t-il. "Dans ce cas, leur collaboration ne m’intéresse plus car je sais qu’ils ne proposeront rien de nouveau. J’aime retrouver une bande mais pas la routine."
Le réalisateur est attaché à un travail traditionnel sur l'image : "Le film a été tourné en 16 mm, de même que mes courts ont tous été tournés sur support argentique. C’est une économie et une esthétique dans lesquelles je suis à l’aise", explique-t-il. Ce choix lui a notamment permis de se démarquer des réalisateurs privilégiant le numérique.
Au lieu de tourner à la vitesse habituelle de 24 images/seconde, Antonin Peretjatko tourne entre 21 et 23 images, ce qui influe bien sûr directement sur l'image et les mouvements des personnages, mais change également la qualité du son. Il explique : "A 22,5 images/seconde, le son va être accéléré et donc un peu plus aigu, ça donne une impression de postsynchro. On corrige certaines voix au mixage, d’autres sont bien comme ça."
Antonin Peretjatko se plaît à volontairement garder chaque faux raccord et incohérence qui pourrait survenir lors d'un tournage : "Je cherche à ce que ça ripe un peu à chaque fois qu’on passe d’un plan à l’autre, à éviter le raccord parfait", confie-t-il. "Il ne s’agit pas de bâcler mais de poser des postulats esthétiques, ça donne un effet "débraillé" ou "foutraque" totalement assumé. Ma hantise est de perdre cette malfaçon aux finitions du film en lissant tout."