Un très beau portrait de femme, plus qu’une histoire. Une femme désabusée, sans vitalité, sans espoir et sans avenir, qui se laisse porter par les événements, qui s’abandonne facilement, hormis dans un bref moment de réaction, et qui respire la fatalité et la mélancolie.
Il s’agit là d’errance, et, outre ce thème, on pense souvent à l’atmosphère des films de Wenders. Les dialogues sont brefs, mais révélateurs, et Barbara Loden, qui interprète magnifiquement son personnage principal, sait donner de l’importance et de la signification aux situations montrées. Dans un style inhabituel, elle fait longuement durer des plans, des scènes, destinées à imprégner le spectateur de la personnalité de Wanda ou de l’ambiance déprimante dans laquelle elle évolue ; a contrario, dans la narration, elle utilise l’ellipse intelligente, juste suffisante à la compréhension, pour ne jamais donner dans le spectaculaire, ce qui correspond aussi au choix d’absence de bande musicale, la seule musique étant celle produite par un orchestre présent dans la dernière scène. Dernière scène absolument fidèle au principe du film, où, sans qu’il ne se passe rien, on perçoit l’incommunicabilité, et le fossé existant entre la superficialité de certaines relations sociales et les démons intérieurs de Wanda.
On ne peut que regretter que Barbara Loden ne nous ait donné qu’un seul film, tant il est personnel, original et marquant.