D'abord conçu pour être une collaboration entre Isao Takahata et Hayao Miyazaki, Goshu le Violoncelliste ne verra que le premier cité s'occuper de la mise en scène, qui dura plus de cinq années.
Isao Takahata, dont c'est le troisième film, parvient à créer une douce, jolie et poétique fable, où l'art est omniprésent, que ce soit dans l'univers musical dépeint ou l'animation, avec de magnifiques tableaux en fond, mettant souvent en avant les campagnes japonaises de l'après-guerre. Il trouve la bonne alchimie entre l'arrière-plan, l'art, la musique et l'histoire, assez simple (l'entraînement d'un jeune violoncelliste pour un concert), mais dont il parvient à tirer toute la beauté, la poésie et quelques valeurs humaines, comme l'abnégation ou la patience.
La force de l'animé, c'est sa façon de mettre en avant la musique qui fait corps avec les images, comme en témoigne la remarquable séquence de l'orchestre jouant sur le dessin animé, à la fois drôle et magnifique. S'inspirant de la nouvelle Train de nuit dans la Voie lactée de Kenji Miyazawa, il sait aussi aller à l'essentiel, misant plutôt sur une jolie lenteur contemplative, et nous intéresse aux péripéties de ce jeune homme, ses entraînements, bouderies et énervements inutiles, sur fond d'une musique classique, là aussi remarquable, de Beethoven ou Schubert.
Comme souvent avec Isao Takahata et ses collaborateurs, le thème animalier mêlé au fantastique est présent, et apporte ici une touche créative et mignonne, à l'image de l'entraînement avec le coucou ou celui avec le raton. Si l'émotion n'est, finalement, pas forcément présente, ça n'enlève rien à la qualité de Goshu, ni ses aspects sensibles ou poétiques, ou même ce qu'il transmet, tant graphiquement que dans le destin du personnage, où le rêve est présent, important et toujours accessible.
Porté par une magnifique et épurée palette graphique, avec de remarquables tableaux en aquarelle, Goshu le Violoncelliste nous entraîne dans l'univers musical d'un jeune homme qui va tout faire pour être prêt à jouer pour un concert, et Isao Takahata parvient à toujours trouver la bonne alchimie entre tous les arts qu'il met en scène.