Film quasi instantanément mal-aimé par une partie de la presse et du public, "Batman vs Superman" a, certes, des défauts mais reste, pourtant, globalement réussi et s’avère même meilleur que "Man of steel" dont il prend la suite. Comment expliquer, alors, ce désamour ou, à tout le moins, le fait que le film n’ait pas provoqué l’emballement général attendu par le studio ? La raison principale s’explique, sans doute, par le sujet lui-même et les attentes suscitées auprès du grand public, qui a forcément été un peu désappointé. Car j’imagine qu’il faut être un peu geek (et, donc, connaître les comics dont s’inspire le film tel que
"The Dark Knight returns", "Injustice" ou encore "La Mort de Superman"
ou, tout simplement la Justice League) pour ne pas être perturbé par les costumes massifs un peu old school de Batman (très "Frank Miller style"), par les caméos de super-héros pas forcément connus de tous ou, tout simplement, par le fait que Batman et Superman puisse se rencontrer dans un même film (ce qui est pourtant des plus communs dans les comics). C’est la seule explication à mes yeux car, pour le reste, le film assure non seulement son statut de blockbuster mais s’avère bourré de qualités. Tout d’abord, le scénario s’avère plutôt réussi puisqu’il parvient à bien articuler les univers respectifs des deux super-héros, pourtant peu compatible (notamment depuis le trilogie très réaliste "The Dark Knight") et, surtout, qu’il propose pas mal de thèmes au potentiel très fort
(le nouveau point de vue sur la destruction de Métropolis et la mise en cause de Superman, son statut de dieu vivant et les questions qu’engendre ce statut, la rage de Batman accentuée par une vie de justicier qu’on sent très lourde, les plans de Luthor…)
. Snyder a eu, par ailleurs, la bonne idée d’accentuer l’opposition entre les deux légendes maison par une différence sur touts les plans, dont leur gabarit (Batman est plus grand et plus massif que Superman, ce qui rétablit un peu l’équilibre au moins sur un plan formel), leur quotidien (Superman est heureux en couple, Batman est désespérément seul) ou encore leur expérience (Superman commence sa carrière alors que Batman apparaît déjà usé et désabusé). On comprend mieux, dès lors, que ces deux-là ne sont pas forcément fait pour s’entendre… ce qui rend leur opposition crédible (
voir, à ce titre, l’excellente première rencontre entre Clark Kent et Bruce Wayne qui échange leur point de vue
). Les deux premier tiers du film sont, pour moi, une très grande réussite, qui s’accomplit d’autant plus que la mise en scène est vraiment chiadée (Zack Snyder n’est définitivement pas manchot) malgré quelques dérapages esthétiques pas toujours indispensables,
à commencer par un énième flash-back sur la mort des parents Wayne
(Zack Snyder n’est définitivement pas subtil) et une tendance pénible à sur-expliquer ce qu’on voit à l’écran (
le prénom "Martha" va me hanter un moment
). Quant à la BO (signé par Hans Zimmer et Junkie XL), elle réserve quelques bonnes partitions et fait oublier le souvenir mitigé du score de "Man of Steel". Autre bon point, le casting qui s’avère brillant puisque, outre le retour des anciens de "Man of Steel" (Henry Cavill en Superman perturbé par sa propre aura, Amy Adams en Lois Lane fouineuse, Laurence Fishburne en irritable Perry White…), on retrouve Jeremy Irons en amusant Alfred, Holly Hunter en sénatrice intransigeante mais surtout, un Jesse Eisenberg épatant en jeune Lex Luthor névrosé (un des meilleurs méchants de comics vu depuis longtemps sur grand écran) et un Ben Affleck impeccable en Batman fatigué mais terriblement badass (
ah, le marquage au fer rouge !
)… et qui parvient à faire taire le bashing injustifié dont il est victime depuis des mois ! Il a, d’ailleurs, tendance, à voler la vedette à son homologue kryptonien, tant en raison de la densité du personnage (plus complexe, plus noir, plus humain, plus intéressant…) que par les interrogations qu’il suscite (
Pourquoi est-il si désabusé ? Qu’est-il arrivé au manoir Wayne ? Que s’est-il passé avec le Joker ? Que signifie le costume tagué de Robin ?
)… mais, une fois encore, on ne peut être vraiment surpris par cette hiérarchie qui est inhérente à l’essence même des personnages (Superman étant, par nature, bien plus lisse et donc moins riche scénaristiquement que Batman). Seule petite oubliée : Gal Gadot qui peine à faire exister son personnage "imposée" de Wonder Woman dont on a du mal à saisir les motivations et, plus généralement, l’intérêt dans cette histoire (à plus forte raison au vu du thème musical discutable qui lui a été accordé). La présence de son personnage (
ainsi que les apparitions de quelques autres super-héros tels que Aquaman, Flash ou encore Cyborg
) est, d’ailleurs, symptomatique du problème qui s’est posé à DC Comics. En effet, là où Marvel a pu mettre en place plusieurs films de présentations individuelle des héros avant la grande réunion "Avengers", DC Comics se croit contraint de brusquer les choses et balance, avec plus ou moins de bonheur, tous les futurs membres de la Justice League dès son deuxième film ("Man of Steel" n’avait pas ce défaut). A vouloir aller trop vite, le film a sans doute vu trop grand et a provoqué un certain rejet de la part des spectateurs, pas forcément préparé à ce grand déballage sous forme de fourre-tout. Ce n’est pas le seul défaut de "Batman Vs Superman" qui, blockbuster oblige, ne peut s’empêcher de faire péter le nombre de séquences d’affrontement dantesques au montage archi-découpé et aux explosions incessantes… au détriment de la visibilité, parfois, et du fond, souvent. Le dernier tiers est, d’ailleurs, en dessous puisqu’il a tendance à se perdre dans la facilité et le déjà vu avec un grand méchant somme toute fongible (
Doomsday
). Ce dernier tiers débute, d’ailleurs, par la seule faute impardonnable, à mon sens, du film,
à savoir la "révélation" qui va amener Batman à faire copain-copain avec Superman alors qu’il était sur le point de le tuer
… qui est un grand moment de n’importe quoi qui devrait faire parler un moment !
(le nouveau point de vue sur la destruction de Métropolis et la mise en cause de Superman, son statut de dieu vivant et les questions qu’engendre ce statut, la rage de Batman accentuée par une vie de justicier qu’on sent très lourde, les plans de Luthor…)
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. Heureusement, le film s’achève sur une note pas forcément attendue
(le nouveau point de vue sur la destruction de Métropolis et la mise en cause de Superman, son statut de dieu vivant et les questions qu’engendre ce statut, la rage de Batman accentuée par une vie de justicier qu’on sent très lourde, les plans de Luthor…)
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qui tient étonnement la route et qui permet un climax prometteur pour les prochains films
(le nouveau point de vue sur la destruction de Métropolis et la mise en cause de Superman, son statut de dieu vivant et les questions qu’engendre ce statut, la rage de Batman accentuée par une vie de justicier qu’on sent très lourde, les plans de Luthor…)
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. Il sera, également, intéressant de voir comment les scénaristes comptent exploiter la scène vraiment couillue du
(le nouveau point de vue sur la destruction de Métropolis et la mise en cause de Superman, son statut de dieu vivant et les questions qu’engendre ce statut, la rage de Batman accentuée par une vie de justicier qu’on sent très lourde, les plans de Luthor…)
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(une des meilleures du film), qui a de quoi susciter les espoirs les plus fous quant aux ambitions de DC Comics. Oseront-ils aller jusque-là ? Rien n’est moins sur… Quoi qu’il en soit, "Batman Vs Superman" ne mérite définitivement pas la haine qu’il suscite et mérite d’être vu, avec un regard apaisé.