Il est temps pour moi de me prendre pour un critique cinéma...
3 ans à attendre ce film. Bon, je n'ai pas non plus passé 3 ans allongé, rassurez-vous. Lors de la sortie du film je suis étonné de voir les critiques négatives, elles sont nombreuses et assez détaillées. La presse n'aime pas le film pour plusieurs raisons. C'est donc avec une grande crainte de perdre 11 euros que je me suis rendu au cinéma le 24 mars.
Qu'on s'entende, tout n'est pas à jeter dans ce film, Batman v Superman est parfois bon, parfois mauvais. La narration est quasi incompréhensible, la première partie du film laisse place à une suite de petites scènes qui semblent mal montées. Le tout donne un enchaînement quasi soporifique. Pourtant les idées sont bonnes : le peuple et l'état qui se demandent si Superman n'est pas un danger, l'introduction de Lex Luthor et de ce nouveau Batman... La scène d'intro n'est pas terrible, si notre cher Bruce Wayne reste Batman même sans son costume, cette idée de vouloir sauver tout le monde dans Metropolis est assez risible. Les scènes se suivent mais n'apportent pas grand chose au développement des personnages. C'est long, et pourtant, jamais l'histoire ne semble réellement s'installer.
Ben Affleck est bon, ce n'est pas aussi fou que ce qu'on annonçait mais il fait largement le job et le voir camper Bruce Wayne/Batman est satisfaisant. Son interaction avec Jeremy Irons/Alfred Pennyworth est excellente, ce dernier est très bon en majordome et ami de la famille Wayne. Ce qui sauve la première partie du film. Un autre bon point, lorsque Zack Snyder nous emmène à Gotham pour la première fois afin de découvrir le chevalier noir, c'est un quasi parfait. En un seul plan, et c'est là la force de Snyder, nous sommes à Gotham. Les couleurs, l'ambiance, tout y est. Pour la première du Dark Knight ce dernier est plus ou moins suggéré. On comprend grâce aux cris des malfrats que Batman est d'une violence rarement atteinte au cinéma. Les méchants hurlent, supplient le justicier d'arrêter de les frapper, aucun doute, le Batman qui franchit des limites est bien dans BvS.
Malgré ces quelques points positifs, la première partie est mal gérée (ou mal montée ?). Superman/Clark Kent fait de la figuration. Il se contente de faire des regards tristes dès que la presse est mécontente de Superman. Les références messianiques sont débiles et malvenues. Lex Luthor est un bon personnage, un peu trop fou à mon goût mais cette version apporte quelque chose de différent et ce n'est pas plus mal. Il fallait du frais pour le retour de ce personnage.
Le film se concentre ensuite sur la confrontation entre Superman et Batman qui se profile alors que les raisons sont plutôt vaseuses. D'un seul coup, tout s'enchaîne très vite. On arrive à une confrontation assez courte, mais elle tient ses promesses. Puis le grand méchant tant décrié, à raison, Doomsday se pointe. Comme le montrait la bande-annonce le méchant ressemble plus à un troll du Seigneur des Anneaux qu'au monstre des comics. Même avec ces fameux pics il ne ressemble en rien à Doomsday. On ressent sa puissance mais le déluge d'effets spéciaux qui ponctue ces scènes est de trop. On y comprend presque rien. Puis survient Wonder Woman qui apporte quelque chose à l'écran. Le personnage est calme, parle peu, ce qui contraste avec Batman et Superman, très énervés dans ce film. Pour le moment, Gal Gadot est parfaite.
Je redoutais cette fin. Je l'avais presque imaginé et Snyder l'a fait.
Je ne trouve pas cela judicieux du tout de tuer Superman aussi tôt dans l'univers DC au cinéma
. Le film se termine sur Bruce Wayne qui annonce à Diana Prince son intention de réunir les méta-humains, car il sait qu'il le faut... La dernière scène est évidente et n'annonce finalement rien de spécial pour la suite.
Conclusion :
La première partie semble clairement tuée par le montage et le remontage voulu par la production. La première version de BvS dure 4 heures. Nul doute que la Warner Bros a demandé à raccourcir le film. La narration est presque trop mauvaise pour que cette idée soit écartée. Le film se perd et son titre : Batman v Superman, Dawn of Justice (l'Aube de la Justice) ne prend pas tout son sens. Pourquoi ? Parce que le film sert normalement à ouvrir l'univers DC Comics au cinéma, à savoir que les personnages Aquaman, Wonder Woman, The Flash et Cyborg apparaissent brièvement à l'écran pour annoncer la formation de la Justice League. Mais c'est tellement mal amené que le spectateur non initié au comic book n'y comprendra peut-être rien. Il n'est fait mention des méta-humains qu'une fois, par la sénatrice campée par Helen Mirren. Les caméos (apparitions) de Aquaman, Flash et Cyborg sont mal amenés. Notamment cette fameuse scène cauchemardesque dans laquelle Batman se retrouve dans un futur apocalyptique. Les caméos et ces cauchemars annoncent normalement l'arrivée du vilain Darkseid, mais il n'est jamais fait mention de l'approche d'une menace, ce qui rend le film très flou. Du coup, les caméos n'apportent rien si ce n'est un sentiment de fan service et ces cauchemars sont quasi incompréhensibles et cassent l'histoire. Là aussi il est possible que la production et sa demande de remonter le film y soit pour quelque chose. Le tout est trop grossier.
Le personnage de Superman est peu présent dans le film. Certains diront que Batman et Sup ont le même temps d'apparition à l'écran. Possible, mais les scènes sont mal réparties. Certains moments sont un peu ridicules, comme cette scène dans laquelle Loïs découvre Superman sur leur balcon en train de se poser des questions existentielles... Clark Kent est inintéressant, ils auraient même pu le supprimer du montage.
Bruce Wayne/Batman est celui qui nous était promis. Le premier est torturé, un peu perdu et le second est violent, brutal et n'hésite pas à tuer si nécessaire. La bat-cave est très réussie. On retrouve le fameux grappin et des accessoires dignes du héros masqué. La batmobile a de la gueule et son bat-wing (avion) en jette. Le spectateur lambda pourrait ne pas comprendre pourquoi Bruce Wayne est si torturé, si violent et radical. La scène dans laquelle Bruce regarde le costume du défunt Robin taguée par le Joker n'est même pas expliquée. Même pas une ligne de dialogue sur le sujet. Alors que c'est cet événement combiné au meurtre de ses parents qui font de lui ce personnage si sombre. Cette scène est courte et quasi sans intérêt si on ne connaît pas les comics, elle se contente, encore une fois, de faire du fan service. Un petit clin d'oeil est adressé au Joker dans la célèbre scène du dialogue entre Clark Kent et Bruce Wayne. Mais ce clin d'oeil n'explique en rien la scène avec le costume de Robin. Alors que c'était le moment de faire le lien entre ces deux scènes pour le spectateur lambda, afin qu'il comprenne que le Joker a transformé Bruce Wayne. Avant que le film ne sorte, il traînait une rumeur quant à une scène dans laquelle le Joker tuait Robin, une sorte de flashback. Cette dernière a peut-être été coupée au montage, il est aussi possible qu'elle apparaisse dans la version longue disponible cet été, afin de buzzer avec la sortie de Suicide Squad.
Lex Luthor complote dans son coin. On ne comprend pas tout, ni vraiment comment et pourquoi il s'amuse a créer Doomsday dont la présence pouvait être évitée. Le monstre allonge le film pour rien, il est très mal représenté et les effets spéciaux ne servent à rien. Le long-métrage pouvait parfaitement se cantonner à reposer son attention sur Lex Luthor comme méchant. Ce qui aurait laissé plus de champs pour annoncer l'arrivée de la menace Darkseid et qui aurait justifié l'utilité de réunir les méta-humains. Au lieu de ça, Warner nous propose un méchant emblématique de l'univers DC Comics très mal représenté pour faire du fan service. Une fois n'est pas coutume.
Wonder Woman est peu présente à l'écran. Elle n'a que quelques lignes de dialogue. D'ailleurs on voit plus Diana Prince que Wonder Woman. L'arrivée de l'héroïne se justifie avec l'apparition de Doomsday, mauvais choix également. Elle pouvait apparaître autrement, mais c'est un choix étrange de la part de la production que d'introduire Doomsday dans ce film pour le faire disparaître aussi facilement.
Le film mélange plusieurs comics comme The Dark Knight Returns ou La Mort de Superman. C'est un mauvais choix pour annoncer l'arrivée de la Justice League. Batman v Superman souffre vraisemblablement d'un remontage final qui plombe le film. Mais un réalisateur doit aussi savoir que son studio lui demandera de monter et remonter son film, d'où la nécessité de mettre en place une histoire qui peut tenir sur 2h30. Ce qui n'est pas le cas avec Batman v Superman : Dawn of Justice. Le film devait remplir deux objectifs : 1/ Offrir une confrontation entre Batman et Superman. 2/ Ouvrir l'univers DC Comics et annoncer la formation de la Justice League. Le premier objectif est rempli, Batman v Superman : Ok. Le second objectif tombe à l'eau : L'Aube de la Justice : raté.
En résumé, le film n'est pas mauvais mais il est loin d'être bon. C'est un film moyen qui est sauvé ici et là par quelques scènes avec Batman, Lex Luthor ou Alfred. D'ailleurs, le long-métrage donne parfois l'impression de tendre vers un film solo centré sur Batman. Le studio Warner n'avait-il pas dit "plus de Batman, moins de Superman" ? L'attente était sans doute trop grande autour de ce film. Le projet était trop ambitieux. Batman v Superman est un film qui doit normalement durer 4 heures, la version de 2h30 le prouve. La Warner a-t-elle tuée Batman v Superman ? Nous aurons peut-être une réponse avec la version longue qui comptera 30 minutes en plus. Nous verrons si quelques éléments arrivent à solidifier la narration hésitante de Batman v Superman : Dawn of Justice.