Box-office socialement engagé, casting en or et cerise sur le gâteau, 9 nominations cinématographiques, « Les Figures de l’Ombre » n’est que le premier film de Theodore Melfi et pourtant, le réalisateur s’impose par un coup de maître brillamment maîtrisé.
En pleine Guerre Froide, les Etats-Unis et la Russie s’affrontent ouvertement dans la Conquête de l’Espace. Un combat sans merci qui va obliger les américains à recruter de véritables génies des chiffres : Katherine Johnson, Dorothy Vaughn et Mary Jackson.
Mais c’est une autre bataille un brin plus compliquée à laquelle notre trois héroïnes vont être confronter… En effet, à peine sortie de l’esclavage, l’Amérique s’émancipe encore très difficilement de son clivage entre les blancs et les noirs. Le film nous le rappelle sans équivoque et ce, dès les premiers instants dans un échange autoritaire avec un agent des forces de l’ordre.
Les mentalités avancent, l’Histoire quant à elle, reste. Dans la même ligne engagée que ses prédécesseurs « La Couleur de la Victoire », « La Couleur des Sentiments » ou encore « Invictus », « Les Figures de l’Ombre » rend hommage à trois inconnues du grand public qui ont pourtant contribuées au succès de l’Amérique. Le biopic de ces femmes courageuses se veut comme un mémorial du combat d’intégration mené, des efforts endurés pour pouvoir ne serait-ce que boire dans la même cafetière ou partager les mêmes toilettes que leurs collègues blancs et du chemin parcouru avant de manifester une reconnaissance décente.
Des anecdotes sur la haine raciale, une discrimination constante, le contexte une fois posé, le film garde la cap et tient ses promesses pour s’attaquer à l’aspect véritablement historique : La Science Mathématique. Elle se veut désireuse au début, il y a même cette crainte qu’elle passe à la trappe dans l’avancée du métrage mais le sujet finit par s’imposer en finesse. Quoi qu’une petite part de prétention américaine se fait tout même sentir…
Un petit mot sur la reconstitution historique du film véritablement réussi sur un plan aussi visuel que sonore, des voitures d’époque aux costumes des années 50, de la première calculatrice jusqu’à une bande originale jazzy afro-américaine superbement choisit.
Pour terminer, quelques noms : Kevin Costner, Kirsten Dunst, Octavia Spencer, Taraji P. Henson, Jim Parson… La liste est longue, la distribution brillante et la conjugaison excellemment parfaite. En tout point.
Bilan : Choquant, révoltant, peinant, touchant, émouvant, drôle, positif….Les émotions s’enchaînent et l’engagement que représente « Les Figures de l’Ombre » donne tout son sens au cinéma.