Lumineuses et attachantes figures de l’ombre
J’ai pris, ce lundi 18 septembre, un sacré coup de vieux en allant au palais des congrès (Montélimar). Dans une salle emplie de jeunes venus pour la projection aux scolaires des Figures de l’ombre, je suis encadrée par des lycéens d’Alain Borne, l’un venu avec son prof de philo, l’autre avec celui de physique. Il doit y avoir des profs de maths aussi, le sujet s’y prête : la remise à l’honneur de trois femmes noires qui, au début des années 60, ont contribué au succès de la NASA et de ses premiers vols dans l’espace. Confrontées à la triple difficulté d’être noire, femme et scientifique dans une Virginie ségrégationniste et misogyne, elles s’accrochent néanmoins et ruent (un peu) dans les brancards. Non sans mal, Mary Jackson deviendra ingénieure aéronautique, Dorothy Johnson Vaughan, responsable du service de programmation –en fortran- du supercalculateur IBM. Avec Katherine Goble-Johnson, qui calcule plus vite que son ombre les trajectoires des fusées, elles font partie des pionnières. Faire reconnaître leurs droits et gagner leur vraie place professionnelle prendra du temps, beaucoup de temps. Car, attendre 2015 et les 97 ans d’une femme pour la récompenser, est-ce bien raisonnable ?
Dès le générique, je le sens bien, ce public de jeunes, aux visages assez monochromes. Tout au long du film, assez peu de brouhaha, une poignée de téléphones portables et leur petite loupiote intermittente, mais des applaudissements à chaque moment fort ou émouvant du film. Les baisers, déclarations d’amour ou de mariage font recette. Les comportements courageux sont soulignés, comme quand le chef détruit la pancarte des toilettes, en déclarant que noirs et blancs pissent de la même couleur.