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cylon86
2 544 abonnés
4 430 critiques
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3,0
Publiée le 7 juillet 2016
Pour son premier film, Marco Bellocchio n'a pas fait pas dans la dentelle et livre une œuvre d'une noirceur absolue en nous plongeant au sein d'une famille dysfonctionnelle et étouffante. Une famille qui vit à l'écart de la ville dans une maison de campagne et privée de père. C'est donc Augusto, le fils aîné qui fait office de figure paternelle, en particulier pour sa mère aveugle et son jeune frère Leone, malade et légèrement attardé. C'est au sein de ce carcan qu'évoluent également la sœur, Giulia, jalouse de la fiancée d'Augusto ainsi que le frère prêt à imploser : Alessandro. Celui-ci, souffrant d'épilepsie, semble vouer une grande admiration pour son frère aîné tandis qu'il semble vivement désirer sa sœur. Désirant s'affirmer au sein de cette famille de fous, Alessandro entreprend alors de détruire le carcan familial pour se rapprocher de Giulia, quitte à éliminer ceux qu'ils considèrent comme des ''tares'' : sa mère et son frère Leone. Difficile de rester insensible à ce véritable coup de poing que Bellocchio nous assène. Pour sa première réalisation, le réalisateur sait ce qu'il veut et filme sans concessions le personnage d'Alessandro prendre peu à peu le contrôle sur sa famille. C'est noir, parfois grinçant et souvent glaçant. ''Les Poings dans les poches'' n'est d'ailleurs pas seulement troublant dans la manière dont il dépeint ses personnages mais aussi dans sa réalisation. Cadrages parfois très travaillés, ellipses brutales, montage tendu : tout est fait pour que le spectateur ne se sente pas à son aise et regarde cette famille sans d'autre choix que de la voir se détruire, privée d'une figure paternelle forte et imposante (Augusto veut se marier et quitter la maison, Alessandro envisage même de se tuer avec le reste de sa famille). Encore vivace aujourd'hui, l'effet que produit le film doit beaucoup à la réalisation tendue de Bellocchio et à sa façon de nous conter cette histoire en nous montrant des personnages aux motivations troubles. Si l'on peut comprendre ce qui passe par la tête d'Alessandro (la révélation Lou Castel), on peut difficilement saisir les pensées complexes qui envahissent la belle et désirable Giulia (Paola Pitagora, à tomber). Celle-ci, d'abord prête à tout pour briser le couple d'Augusto, méprise Alessandro avant de grandement se lier à lui à partir du moment où il lui confie avoir tué leur mère. Difficile de vraiment saisir ce qui relie ce frère et sa sœur mais l'inceste est dans le coin, accompagnant les meurtres et la folie. Si le grand trouble qui règne autour des personnages fait une des forces du film, elle en est également une des faiblesses, nous empêchant de vraiment saisir toute la complexité des personnages aux relations changeantes. Il faut également relever quelques longueurs venant saper le rythme de l'ensemble mais le doute n'est pas permis une seconde : ''Les Poings dans les poches'' est l’œuvre d'un cinéaste qui n'a pas froid aux yeux et qui n'hésitera jamais à secouer le spectateur quand bon lui semble. Même si on l'avoue, il ne fera pas mieux que ce choc dont on ne s'est toujours pas remis.
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4,0
Publiée le 31 juillet 2012
Marco Bellocchio, l'unique cinèaste qui, peu après la dècennie 60, semblait devoir imposer de manière absolue [...] a fait surgir le doute que l'impètueuse iconoclastie de son premier long-mètrage, l'impressionnant "I Pugni in Tasca", allait rester sans suite! Ainsi le critique italien Lino Miccichè (les puristes apprècieront) rèsumait-il pour "Cinemato" le fulgurant dèpart et le piètinement de Bellocchio! Rien n'est venu depuis lever le doute et le dèmentiel "familles (bourgeoises) je vous hais" qu'il poussait ici avec une sauvagerie mesurant savamment ses effets dans ce terrifiant premier film, s'est muè semble t-il, en un scepticisme proprement dèsespèrè! Lancè par ce mètrage où il dètruisait sa famille avant de se dètruire lui-même, Lou Castel livre une prestation èpoustouflante en imposant un personnage de jeune anarchiste! Du très grand Bellocchio pour un film qui annonçait dèjà "Mai 68"...
Bellochio nous plonge sans ménagement et sans plus de préambule au sein d'une fratrie malade regroupée autour d'une mère aveugle (on ne saura jamais rien du père) . L'inceste qui unit le grand frère à sa sœur est peut-être la clef de toute la haine qui ronge le cadet épileptique qui choisit d'éliminer tous ceux de sa famille. Mais après avoir tué sa mère et son jeune frère attardé, il meurt lors dune ultime crise d'épilepsie. Pour son premier film comme réalisateur, Bellochio choisit de choquer son public avec un film sans concession qui à partir de l'exposition des tares d'une famille bourgeoise dénonce l'emprise conjointe de 'église et de son meilleur vecteur, la cellule familiale. Selon Bellochio, c'est l'asservissement de l'individu emmuré dans ses deux institutions ancestrales de l'Italie qui l'empêche de se développer pour accéder à sa véritable personnalité. C'est le message brutal que veut nous transmettre le héro joué par un Lou Castel habité tout à la fois séducteur, lâche et manipulateur. Un film coup de poing qui laisse pantois juste après sa vision.
Il y a une jolie virtuosité dans la mise en scène et la photographie est, je trouve, magnifique. Visuellement parlant c'est vraiment excellent. Le noir est blanc est vraiment très très beau. Le réalisateur a parfois du mal à complètement installé l'ambiance vénéneuse qu'il voudrait mettre, mais ça reste tout de même vraiment bon. C'est un film vraiment intriguant et intéressant, je peux pas dire que j'ai adoré car en soi ça ne m/a pas spécialement parlé, mais j'ai trouvé ça vraiment de bonne qualité et en ce sens là j'ai bien aimé.
Le film s'ouvre sur une musique inquiétante et lugubre, préambule de ce film extraordinairement cruel qui dépeint les moeurs d'une famille de tarés en se focalisant sur le personnage de Sandro, adolescent qui aime sa sœur et qui tuera sa mère et son frère. L'ensemble, avec un sujet pareil aurait pu me fasciner mais malgré les qualités évidentes du film, l'ensemble est un peu trop froid et austère.
Tout le film n'est que poésie et cruauté. Bellochio touche le sublime. L'opéra ne cesse d'inspirer le réalisateur de Vincere lors de scènes démentes qui dessinent cette famille particulière. C'est un pur chef-d'oeuvre.
Une oeuvre tout aussi singulière que majeure, Marco Bellochio parvenant à nous faire toucher la complexité de l'adolescence dans ce qu'elle a de plus effroyable et violent.