Vu hier soir au Ciné d'Issy en présence de sa réalisatrice Marie Dominique Dhelsing et dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale. Public d'associatifs, très largement séniors ( comme moi d'ailleurs) un peu paradoxal pour un message qui s'adresse aux générations futures. Film très militant avec parfois une tendance à l'hagiographie . Ceux qui ne connaissent pas encore Pierre Rabhi apprécieront de découvrir l'humilité et l'intelligence pénétrante de cet homme, qui trouve aussi dans le langage un terreau où épanouir une pensée empreinte de poésie, qui réussit à être autant à l'aise dans son Ardèche d'adoption, au Burkina Fasso à Gorom Gorom jusqu'à l'assassinat de Thomas Sankara qui le soutenait, auprès des religieuses orthodoxes roumaines, jusqu'à la princesse Constance de Polignac en son domaine de Kerbastic près Guidel et dans bien d'autres lieux. Malgré la simplicité et l'ingéniosité des solutions proposées par Pierre Rabhi, il reste que cela concerne une agriculture de niche, certes, levain pour ceux qui veulent franchir le pas de l'agrobiologie , mais pas à la mesure des besoins de nourriture de la planète. Pour avoir rencontré au Laos des expériences de ce type, j'en connais les limites et la fragilité. Ce qui me gène aussi c'est le phénomène de starification autour de Pierre Rabhi ( jusqu'à évoquer une candidature aux présidentielles) En avril 2010, quelques personnes s'en disant proches « interpellées depuis longtemps par sa vision et ses idées », ont décidé de créer une Fondation Pierre Rabhi. Sauf que presque tous les fondateurs de cette structure ont encore de (très) gros efforts pour suivre la voie préconisée par Pierre Rabhi, à savoir celle de la sobriété, de la simplicité volontaire et de la décroissance matérielle, des fondateurs comme Jacques Rocher, président de la Fondation Yves Rocher, François Lemarchand, PDG de Nature & Découverte. Quant à la Princesse Constance de Polignac, le domaine de Kerbastic reste un établissement de grand luxe ( j'y ai diné) et son niveau de vie peut difficilement être assimilé à la sobriété. C'est quand même un film un peu lisse, on aimerait en approfondir le modèle économique...