Alors que les médias se bornent à rapporter des histoires d’abus sexuels mettant en scène des prêtres, Malgoska Szumowska a souhaité s’intéresser à la psychologie de l’homme de foi et montrer l’amour que ce dernier pouvait ressentir : "J’ai volontairement décidé de m’éloigner d’un fait-divers, et j’ai voulu réaliser un film sur la solitude terrible du prêtre. Je voulais montrer l’amour, le besoin d’amour, même si, du fait de sa nature, l’amour que je décris est considéré comme un pêché", indique la réalisatrice.
L’origine du titre du film est à trouver au détour des 4ème et 5ème siècles. Il s’agit d’une citation d’Augustin d’Hippone, aussi appelé Saint Augustin, évêque, philosophe et théologien d’origine berbère considéré comme l’un des Pères de l’Eglise latine.
AIME et fais ce que tu veux est né suite à un travail de longue haleine de la part de Malgoska Szumowska. Cette dernière a, en effet, pris quatre années pour écrire et peaufiner son histoire, suite à la lecture d’une brève rapportant le meurtre d’un prêtre par un jeune garçon.
S’attaquer à un sujet comme l’amour des prêtres n’est pas chose aisée, surtout dans une Pologne encore très catholique : "Lors de l’écriture, j’avais une forte appréhension sur la réaction qu’un tel sujet pouvait susciter notamment auprès de la droite conservatrice et des milieux proches de l’Eglise. Il règne encore dans ce pays un tabou très fort et ce, malgré l’influence des média qui abordent ce sujet de plus en plus librement (…) En Pologne, nous avons encore beaucoup de mal à accepter les différences", explique la réalisatrice. Malgré ses peurs, la Polonaise n’a pas abandonné son idée.
Comme la cinéaste le pensait, son film n’a pas manqué de susciter la polémique en Pologne à sa sortie, mais a replacé la question de la sexualité au centre des conversations : "Il y a un fort rejet des conservateurs, mais le centre et le centre gauche adorent le film qui a touché 150 000 personnes pendant les trois premières semaines de son exploitation. Ce film dont tout le monde parle, relance le débat et des choses sont en train de bouger en Pologne", note Malgoska Szumowska.
Malgoska Szumowska n’est pas une grande fan des castings. Aussi, elle se refuse à en effectuer et contacte directement les acteurs qu’elle a pu observer au cinéma, à la télévision ou au théâtre. Ce fut le cas pour Andrzej Chyra et Mateusz Kosciukiewicz, à qui elle pensait dès l’écriture du film. Concernant les seconds rôles, elle a misé sur la proximité. "Nous les avons trouvés autour du lieu de tournage, dans des petits villages. Ils étaient très agressifs au départ. Le fait que je mette beaucoup d’énergie dans la préparation et durant les répétitions m’a permis de passer du temps avec eux, de les observer avant de les choisir et d’être prête une semaine avant le tournage", révèle-t-elle.
Malgoska Szumowska et Michal Englert se connaissent depuis l’université où ils ont étudié le cinéma ensemble à Lodz. Depuis, le duo ne s’est jamais quitté et a œuvré sur 7 long-métrages.