Zéro porte finalement assez mal son nom ! Le film de Nour-Eddine Lakhmari a triomphé lors du dernier Festival national du film (FNF). A Tanger, il a reçu pas moins de cinq des principales récompenses. Grand Prix de cette 14ème édition, il a également obtenu le prix du meilleur premier rôle masculin (Younes Bouab), du meilleur second rôle masculin (Mohamed Majd), du meilleur second rôle féminin (Sonia Chraibi) et du meilleur son. Rien que ça !
A l’affiche du film, Mohamed Majd ne verra pas la sortie internationale de ce dernier. A 73 ans, il n’a pas pu achever la tournée de promotion de Zéro puisqu'il est décédé en janvier 2013 des suites de problèmes respiratoires. L'acteur marocain avait notamment joué ces dernières années dans des films comme Indigènes ou La Source des femmes. L’acteur Mohamed Benbrahim, qui apparaît dans Zéro et qui avait joué dans tous les films de Nour-Eddine Lakhmari, est également décédé en 2013, mais d’un diabète et au mois de mai.
Zéro est le troisième long-métrage de Nour-Eddine Lakhmari, mais surtout, il est le deuxième volet d’une trilogie initiée par Casanegra et ayant pour théâtre la cité de Casablanca. Aucune date n’est connue quant à la sortie du dernier opus qui devrait traiter de la solitude et dont le titre devrait être "Mazlout".
Pour les besoins de Zéro, le tournage s’est effectué essentiellement de nuit. Aussi, les équipes du film ont été mobilisées de 18 heures à 7 heures du matin durant les 9 semaines que dura l’enregistrement des scènes.
Si le tournage s’est avéré compliqué en raison des conditions climatiques et de la saison (hiver), une scène a particulièrement marqué le réalisateur Nour-Eddine Lakhmari. Une nuit, lui et son équipe ont littéralement privatisé le boulevard Mohamed V, l’un des plus grands de Casablanca. Ils ont ainsi dû gérer le trafic pendant que des dizaines de curieux observaient la scène, gênant au passage avec des cris et des lumières, le tournage qui se déroulait sous une pluie diluvienne.
Deuxième volet de sa trilogie, Zéro répond à Casanegra par le point de vue qu’il adopte. Si ce dernier s’était intéressé à des délinquants poursuivis par la police, Zéro s’installe du côté d’un policier. Du poursuivi au poursuivant, Nour-Eddine Lakhmari a mis en place un certain jeu de miroir entre ses deux films afin de montrer deux mondes qui s’observent mais ne se connaissent pas.
Comme pour ses premiers films, Nour-Eddine Lakhmari a choisi de faire confiance à des acteurs inconnus pour incarner les premiers rôles de son film. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de prise de risque afin d’apporter de la fraicheur à son œuvre. Le cinéaste marocain applique cette règle de casting depuis ses premières réalisations en Norvège où il a étudié.
Pour parfaitement s’imprégner de son rôle, un des acteurs a porté les mêmes vêtements pendant les 9 semaines du tournage et ce sans les laver d’après Nour Eddine Lakhmari, qui se souvient de l’odeur détestable qu’il dégageait...
Malgré le bel accueil reçu par Zéro et "Road to Kabul", ses derniers films, très peu de scénarios furent par la suite envoyés au comédien principal Younes Bouad. Une réalité qui ne l’effraie pas. En effet, l’acteur était, avant de passer à la comédie, scénariste pour la télévision marocaine. Il envisagerait également de commencer une carrière dans le journalisme si ça ne marche pas au cinéma et à la télévision.