Chaparri, les sept ours de la montagne sacrée : les secrets du tournage

La réserve de Chaparri, au Pérou, tente de sauvegarder plusieurs espèces endémiques et menacées d'extinction telles que l'ours à lunettes, le condor des Andes, le pénélope à ailes blanches, le renard du désert, le guanaco (sous-espèce sauvage du lama), ainsi que le tumbes tyrant (de la famille des passereaux).

Chaparri, outre le nom de la réserve où se déroule le film, n'est autre que celui de la montagne qui en domine l'horizon. Elle fut ainsi nommée par les Mochica, population péruvienne contemporaine aux Nazca et était l'objet d'un culte sacré. Elle est encore aujourd'hui vénérée à travers le Pérou par la majorité des chamans.

D'une région désertique du Pérou, Chaparri est devenu un film-message, sur la conservation d'un écosystème par la population locale. Il fut ainsi sélectionné à plusieurs festivals plus ou moins axés sur l'écologie et la nature et remporta plusieurs prix, à Sarajevo, Seia (Portugal), et Barcelone. Il fut par ailleurs présenté dans des festivals non compétitifs et/ou en projections hors compétition à Casablanca, au Nouveau-Mexique, à Sitges (Espagne) et en Estonie (entre autres).

Nathalie Granger Charles Dominique et André Charles Dominique viennent de différents horizons. L'une, née à Varsovie, est scénariste de profession et a déjà trois scénarios de longs-métrages à son actif, "La queue du renard", "Wanda" et "Les ours se perdent au dégel". L'autre est originaire d'Oran, ancien ingénieur agronome et écrit son premier scénario de court-métrage, "Une étoile de plus" en 2002 avec sa compagne. Ils se retrouvent sur la réécriture de "Batepa", d'Orlando Fortunato avant de se lancer ensemble dans la scénarisation, production et réalisation de leur propre long-métrage, Chaparri. Ils sont tous deux diplômés du Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuelle.

Chaparri s'est tourné sans grosse équipe technique, avec un matériel réduit, de façon à être prêt à tout moment et pour que le coût soit moindre. Le réalisateur confie : "Il y a un avantage à être en couple, plutôt qu’avec une équipe plus importante, c’ est qu’on n’a pas la contrainte de devoir respecter des horaires syndicales de travail ou le repos dominical, on vit à plein temps avec la caméra sous la main et on est heureux d’être réveillés au milieu de la nuit par un garde-parc et de bondir hors du lit pour filmer un animal nocturne. Ce qu’on ne pourrait pas faire subir à un technicien, on se l’impose à nous-mêmes, mais pour autant, on n’a pas l’impression de travailler, on a le sentiment de vivre quelque-chose de passionnant".

Chaparri est, depuis 1977 et la réforme agraire, une communauté de 500 familles de paysans qui tenta de cultiver elle-même les terres environnantes. Mais faute de moyens, ils vendirent le bois des forêts, chassèrent tous les ours pour leur bile et laissèrent leurs sources saccagées par les compagnies minières. C'est finalement au début des années 2000 que Porfirio Torres, l’actuel président de la communauté, voulut faire de Chappari une réserve écologique et convertit ses chasseurs d'ours en garde-chasse.

Le couple de réalisateurs explique d'où leur est venu ce projet d'un documentaire sur cette région désertique du Pérou : "Ce qui nous a emballés dans le projet Chaparri, c’est qu’il est très représentatif de ce que sera l’avenir des grandes réserves dans le monde. Il fait partie des quelques projets précurseurs qui annoncent l’entrée dans une nouvelle ère de l’Histoire de la conservation de la nature". Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce sont les autochtones qui mirent le projet sur pied : "A Chaparri, l’initiative de créer une réserve est née du besoin des paysans eux-mêmes de se réapproprier leurs terres, afin de lutter contre les agressions extérieures".