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stanley
66 abonnés
756 critiques
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3,5
Publiée le 30 mars 2014
Les leçons d'harmonie, au titre si bien choisi (le film traite de la destinée et est bien réussi esthétiquement), est une belle découverte. La grande force du film est sa mise en scène remarquable. Le film est d'une beauté stupéfiante grâce aux choix des plans, de la photographie, du jeu des lumières que cela soit sur les paysages désolés ou sur les intérieurs. La ferme est filmée d'une façon judicieuse, les longs plans séquence sont d'une grande beauté. Et puis, il y a cette maison abandonnées avec la lumière qui transperce le toit, telle une église. Emir Baigazin est très à son aise dans les scènes oniriques, poétiques et surréalistes (le mouton sur l'eau) ou drôle (la guillotine, la danse de la fille voilée). Le cinéaste est aussi un très bon directeur d'acteurs dans des personnages très bien écrits. Le génial adolescent Timur Aidazbekov mériterait tous les prix d'interprétations par la force qu'il donne à un personnage mutique et qui se questionne sur la mort par ses expériences sur les animaux (sans rien de glauque ou de sadisme gratuit). Un seul défaut du film et qui l'empêche pour moi d'être plus qu'un bon film, un scénario un peu répétitif à son milieu. On aurait voulu que l'histoire sorte un peu de l'univers mental de violence rentrée et parfois répétitive (filmée hors champ et avec finesse) pour aller vers le personnage de la fille voilée. Le film reste une belle réflexion sur la violence atavique, l'engagement religieux, le destin et une vision d'une société faillible. A voir.
Un village du Kazakhstan. Rudesse de la vie à la campagne. Pauvreté. Racket au collège, où les petits caïds font régner une terreur mafieuse suivant l'exemple des grands frères, perpétuant une tradition immémoriale et universelle. Darwinisme social. Les dominants, les boucs émissaires, la masse amorphe et consentante des dominés. Ce n'est qu'une question de degré, on a tous plus ou moins connu ça, mais chez les Kazakhs, c'est du lourd. Une victime malmenée rumine sa revanche : on assiste progressivement à la naissance d'un psychopathe, sous le regard entomologiste d'un réalisateur qui dès son premier film démontre une originalité et une maîtrise rares. La violence reste souvent hors champ, le scénario est troué d'ellipses étonnantes, Emir Baigazin laisse au spectateur le soin de combler les manques avec son propre imaginaire. Visuellement, le film est totalement abouti, parcourus de séquences sidérantes de beauté, de trouvailles formelles. spoiler: Cafards sur la chaise électrique, mouton qui marche sur les eaux, lézard décapité... On peut seulement lui reprocher la longueur complaisante des séances de tortures spoiler: pendant la garde à vue des deux enfants , et supposer qu'il y a là une volonté politique de dénonciation, dans un pays sous la férule du dictateur Nazarbaïev, où la démocratie semble encore un horizon lointain voire inaccessible.
"Leçons d'harmonie" parle d'humiliation, de solitude, de rancœur, de pauvreté et de vengeance, mais sans jamais tomber dans le misérabilisme. Alors qu'il est si aisé de broder sur la dépression que le ressentiment peut engendrer, Emir Baigazin ne tombe pas dans le piège de l'apitoiement facile mais cherche au contraire à garder pour ses personnages une force et une volonté les mettant à l'abri de la perte de leur dignité. Bien sûr, ils restent pour la plupart mystérieux jusqu'à la fin, car capables de dissimuler leurs pensées et intentions, mais cela se révèle très stimulant voire passionnant. Leur variété est aussi une des grandes qualités du film : entre le garçon introverti, le clown de la classe se prenant pour un caïd, les jumeaux le chapeautant, la musulmane se souhaitant pure et le citadin étranger à tout ça, on a droit à une galerie de portraits atypique autant qu'attachante. Le réalisateur sait aussi soigner son esthétique, filmant l'ensemble avec une belle photographie et un vrai sens du cadre. "Leçons d'harmonie" sait donc se faire beau pour raconter une histoire dure et cruelle qui ménage rarement le spectateur et c'est cette recherche visuelle qui permet à un scénario déjà intelligent d'être aussi abouti une fois porté à l'écran.
Un regard nouveau dans le cinéma kazakh. Et la découverte d'un vrai cinéaste dans Leçons d'harmonie d'Emir Baigazin. Dès son entame, l'égorgement d'un cochon, il annonce la couleur. Le film, clairement et dans une forme le plus souvent faussement douce nous parle de la bestialité qui est en l'homme. Une cruauté d'autant plus grande et glaçante lorsqu'elle résulte d'une vengeance après une humiliation. Leçons d'harmonie n'est pas un film confortable, il y est question de survie dans un monde hostile : celui de la société kazakhe, pays à la confluence étrange des traditions ancestrales et de la modernité. Et cela commence par l'école où la loi du plus fort s'imposera toujours. A moins que ce soit celle du plus intelligent. D'un réalisme tranchant, à première vue, et sans effets gratuits, le film s'autorise aussi des épisodes burlesques et oniriques qui desserrent un peu l'étreinte. Rigoureux et sec dans sa mise en scène, parfois répétitif, trop elliptique, par instant, Leçons d'harmonie fascine par sa brutalité induite et son caractère darwinien.
Après le Kirghizistan et la Bulgarie je poursuis mon exploration - cinématographique - des marches de l'empire soviétique en allant visionner dans une salle (étonnamment pleine) ce premier film d'un jeune cinéaste kazakh sorti mercredi dernier et primé à Berlin l'an passé.
Aslan, 13 ans, vit seul avec sa grand-mère au milieu de la steppe glacée. Collégien mutique, il est devenu la tête de turc de ses camarades, enrégimenté par Bolat (avec un l), petite frappe teigneuse. Il décide de se venger des humiliations subies avec le concours d'un nouvel élève fraîchement arrivé de la ville.
Ça ne rigole pas dans les écoles kazakhs ! "Leçons d'harmonie" n'est pas un film de collégiens du style "Les sous-doués passent le bac" ou "Les profs", mais plutôt une froide construction philosophie dostoïevskienne. Le mal nous entoure. Il faut nous y adapter pour survivre. Mais comment survivre sans se corrompre ? Voilà les questions métaphysiques que brasse cette première œuvre ambitieuse. Son héros, interprété avec une impressionnante maîtrise par le jeune Timur Ajdarbekov (un nom à retenir !), ne cède pas facilement à l'identification : si les brimades dont il est victime nous le rendent sympathiques, la machiavélique détermination dont il fait preuve pour s'en venger font froid dans le dos. Ce film, qui traite de la violence en la renvoyant hors champ, possède la lenteur glacée de Hanneke.
Austère et implacable, « Leçon d’harmonie » est la chronique d’une école kazakhe perdue dans les steppes, où les élèves subissent le système mafieux des « grands frères » : racket et humiliations. Inscrite dès l’enfance, la violence semble terriblement banalisée, acceptée et reproduite par tous : de l’univers disciplinaire de l’école aux méthodes musclées des policiers. A l’image de son héros mutique et solitaire, le film ne cherche pas à séduire (aridité de la mise en scène, sècheresse du récit, ellipses brusques) et l’on ressort un peu plombé par ce constat sans espoir d’une société gangrénée par la violence. Seule la résistance silencieuse du jeune héros donne un souffle humaniste à ce récit étouffant.
"Leçon d'harmonie" est très loin du cinéma de D Ormibaev. Il présente des scènes difficiles à supporter notamment la séquence d'ouverture avec le mouton et ensuite dans le rapport entre les élèves. Le film s'égare dans plusieurs directions (polar, drame social, vision onirique,etc.) et se perd réellement par moment. Il est très complaisant dans sa description de la violence et surtout il est très ambigu dans sa présentation de l'islam. Finalement les "grands frères" en prison finiront par obtenir l'argent du racket. Le film a été produit pour impressionner l'occident et les complaire. C'est un film carte postale mais une carte postale sale et trash. Ames sensibles s'abstenir, la scène avec le mouton rendrait végétarien un boucher de l'Avereyron. A fuir sur l'eau...
Je note nul, pas tant pour la qualité du film, mais parce que c'est tout ce que je déteste au cinéma.. Au bout d'un quart d'heure, j'avais déjà envie de sortir de la salle.. je suis restée jusqu'au bout.. et la sensation d'oppression et de malaise n'a cessé de croître...
Ca commence par l'égorgement et le dépeçage détaillé d'un mouton, suivent la description d'une humiliation et du racket dans un collège, par la torture d'animaux (je ne pensais pas avoir un jour pitié de cafards..), et ça continue de pire en pire..pour finir sur un faux moment de calme;. Même les paysages sont désespérants/ désespérés, les images et l'histoire sont à la limite du supportable, et tt ça pour quoi?..
Jamais un moment de compassion, de respiration, de légéreté, sauf peut-être le personnage- ambigü- de la jeune musulmane..Si la société Kasakh est 10% ausi dure.. pauvre d'eux!
Je réalise que ce pourrait être autant de compliments: c'est vrai que l'image est belle, c'est vrai que c'est un film dont des images me resteront.. Mais contrairement aux critiques "presse" lues ici.. je ne me délecte pas à ce genre de spectacle..
Ceux qui suivent Christoblog savent (peut-être) que je suis fan de cinéma d'Asie Centrale. C'est donc avec gourmandise que j'ai visionné ce film originaire du Kazakhstan.
Le réalisateur Emir Baigazin fait preuve d'une maîtrise absolument sidérante pour un premier film. Leçons d'harmonie a d'ailleurs connu une carrière en festival exceptionnelle, collectant une belle série de récompenses, de l'Ours d'argent de la meilleure image à Berlin au Grand Prix à Angers. La mise en scène est d'une limpidité exceptionnelle et la beauté... la suite ici :
Pas grand chose dans ce film, le scénario se répète trop souvent et ne décolle pas assez pour nous tenir 2H durant sans se lasser ou nous ennuyer. Rien de transcendant ni de déshonorant, plat et sans relief.
Lors de notre première rencontre avec le héros du film, on se dit tout de suite que derrière son coté un peu gauche, introverti, se cache un caractère déterminé, froid et implacable. La (trop ?) longue énumération de ces déboires au sein d’un collège corrompu et malsain, mènera inévitablement à la vengeance de ce personnage trop intelligent pour être une simple victime. La fatale répression qui suivra parviendra-t-elle à briser se caractère endurci par le vent froid des steppes ?
... Sur le plan formel, c'est donc à couper le souffle. Chaque plan est plus beau que le précédent. Sur le fond, on est tout autant gâté. La mise en scène, au rythme lent (le montage est superbe) est aussi sèche que tendue, tranchante et effilée comme un rasoir. Elle magnifie une histoire, au scénario complexe, aussi dure que glaçante...
Film très fort qui commence comme un documentaire sur la vie à la campagne au Kazakhstan, puis qui devient un tableau sombre des pires pratiques au collège. Le film est en mode thriller, le cycle devient infernal et il doit cesser. L'absence totale de musique renforce paradoxalement les images et le pouvoir de suggestion. L'image et les cadrages sont magnifiques. Certaines ellipses permettent de montrer moins de violence Le casting est parfait, la crédibilité totale et la tension monte. Film aussi implacable que "Le grand cahier" sorti la semaine dernière. Le constraste entre notre jeune héros et ses copains est saisissant. J'ai beaucoup aimé ce film, cela va sans dire.