“Mère et fils” fait partie de ces films roumains qui commencent à se faire une réputation hors de leurs frontières, au point que ce dernier a été sélectionné pour représenter la Roumanie aux Oscars ; et ce même si cela a fait grincer des dents dans son pays, ces détracteurs arguant que le film ne présente pas une image très positive de la Roumanie. Il est vrai que ce dernier présente une Roumanie post-soviétique gangrenée par la corruption et où l’entregent permet aux riches et aux puissants de contourner les règles et les lois. Ici, cette réalité est montrée au travers d’un fait divers où un homme, avec l’aide des relations de ces parents, tente de faire échouer des poursuites judiciaires qui pourraient le mener en prison pour homicide suite à un accident ayant entraîné la mort d’un enfant. Mais, le film n’est pas qu’une critique sociologique de la Roumanie contemporaine, il est également un drame psychologique qui voit s’affronter une mère et son fils qui ont perdu tout moyen de communication. Cornelia est une mère possessive qui voue un amour total pour son fils unique au point de la rendre intrusive et manipulatrice dans la vie de ce dernier. Barbu, lui, homme faible et indécis (limite lâche) n’en peut plus de l’amour castrateur de cette femme et il la rejette avec beaucoup de violence. L’accident va les obliger à se côtoyer et à régler leurs différents. C’est avec beaucoup de sobriété, voire de froideur, que le réalisateur Valin Peter Netzer tisse la toile de cet affrontement où les personnages sont vraiment peu sympathiques, voire carrément antipathiques. Notamment la mère qui, si elle aime son fils inconditionnellement, s'immisce dans sa vie de façon inappropriée et devient, malgré elle, une garce froide et manipulatrice qui s’aliène encore plus son fils. Ce dernier incapable de dire franchement ce qui lui reproche, reste toujours dans une passivité proche de la soumission, jusqu’à que n’en pouvant plus il explose verbalement dans un registre de haine et de grossièreté. Un film lent, très dépouillé, mais qui offre le portrait de deux êtres perdus et de leur relation dysfonctionnelle et en parallèle un portrait d’un pays qui lutte encore avec les démons de la corruption. Intéressant et prenant.