Un film aussi intense que peu aimable. D'une intensité qui vrille les nerfs, toujours sur la cime de la crispation et du malaise. Calin Peter Netzer brosse d'abord un portrait de mère, fauve carnassier qui, à la fois, protège et dévore sa progéniture. Une mère étouffante, possessive, autoritaire, intrusive et d'une froideur calculatrice (Luminita Gheorghiu, excellente). Face à elle : un fils fermé et lâche. Entre eux : une relation d'amour-haine exigeante, un poison qui tue, une raison de vivre également... Et une association pour une possible rédemption. Ce portrait et cette relation sont loin d'être inintéressants. De même que l'ancrage social du film, qui offre une critique de la bourgeoisie roumaine, matérialiste, imbue de son pouvoir, méprisante, et un petit tableau de la Roumanie actuelle, entre inégalités sociales et corruption généralisée. Dommage que le fond de ce film soit desservi par sa forme et par sa complaisance mélodramatique finale. La forme est donnée par une caméra parkinsonienne, qui tressaute en permanence, va et vient brutalement d'un personnage à l'autre, ou appuie lourdement ses gros plans. Les adeptes de la caméra à l'épaule peuvent trouver ça virtuose. On peut trouver que c'est filmé à l'arrache et que ça file désagréablement le tournis. Le côté mélo, enfin, est contenu dans la dernière séquence, une longue et pénible séquence de contrition et d'expression douloureuse autour de la relation parent-enfant. Entre calcul et sincérité. Vaguement indécente. Malgré les larmes versées par les personnages, on reste de marbre. On reste aussi sur sa faim, tant la conclusion est abrupte.