Je commencerais par reprocher à la bande annonce du film d'être trop bien, elle montre beaucoup de ce qui constitue l'intérêt de ce film. Pour autant, c'est un réel bel hommage à l'hôpital public, à ceux qui y exercent, qui y séjournent en se montrant patients, à ceux qui y travaillent autrement. Suivre le parcours des déchets jusque dans les sous-sols et jusqu'à l'incinérateur, se rendre à la lingerie, voilà des parcours auxquels on n'a généralement pas accès. Il y a tout ce qui concerne la logique folle de la rentabilité, du contrôle des dépenses, des restrictions de personnels, qui précarisent le service de santé publique. Et là la dimension politique est à l'honneur : l'administration qui au nom des ressources humaines prend le pas sur le soin, voilà un enjeu que le film expose. Et puis, il y a surtout les "FFI", non pas ces combattants glorieux du débarquement, mais ces médecins d'origine étrangère désignés comme "Faisant Fonction d'Interne", qui sont exploités, vivent dans la précarité et espèrent accéder à une reconnaissance de leurs compétences en France. Reda Kateb en constitue un éloquent porte-parole, un étendard glorieux. Ici, il joue le rôle d'un médecin compétent, dévoué, maîtrisant la langue française, soucieux d'une approche humaniste des patients. Il aura un rôle formateur auprès de Benjamin (Vincent Lacoste) qui joue le rôle du jeune interne, fils du patron du service (ce cher Jacques Gamblin). Plusieurs seconds rôles sont à souligner : Marianne Denicourt, Philippe Rebbot, Carole Franck, parce qu'ils sont parfaits dans leur rôle et que l'on a plaisir à les voir jouer. Les couloirs de l'hôpital sont aussi magnifiquement filmés. Cela n'est pas sans évoquer la pièce formidable intitulée "Des gens", qu'avait adapté Zabou Breitman à partir du documentaire de Raymond Depardon. Dans cette pièce, on marchait beaucoup, on arpentait les couloirs de l'hôpital. Bravo Thomas Lilti, on voit que vous connaissez l'univers que vous filmez et ça fait du bien que quelqu'un tire la sonnette d'alarme en soulignant que la prise en charge hospitalière, c'est une formidable aventure humaine, qu'il faut protéger, préserver et que ce n'est pas sur cette humanité qu'il faut rogner pour économiser.