Film de clôture de la Semaine de la Critique de Cannes 2014, "Hippocrate" de Thomas Lilti renforce l'impression très favorable qu'ont pu avoir les cinéphiles, en mai dernier, sur l'état du cinéma français : "Bird People", "Sils Maria", "Les Combattants", "Party Girl", déjà sortis, aujourd'hui "Hippocrate" et, prochainement, "FLA", 6 films français différents les uns des autres, 6 réalisateurs et réalisatrices de génération différente, 6 films de très bonne qualité. Mais revenons à Thomas Lilti : quand on est devenu médecin pour satisfaire sa famille mais que, durant ses études, on a consacré une partie de son temps au cinéma (réalisation de "Les yeux bandés", scenarii de "Télé gaucho" et "Mariage à Mendoza"), quoi de plus évident que de consacrer son deuxième long métrage au monde de l'hôpital. Un monde que Thomas Lilti connait de l'intérieur puisqu'il l'a fréquenté en tant qu'interne. Pour lui, pas question de montrer autre chose que la vérité, dans les moindres détails, tout en proposant une histoire fictionnelle qui devrait intéresser tous les publics. Pari gagné : son film est à la fois suffisamment drôle pour attirer les spectateurs qui cherchent avant tout à se divertir et suffisamment sérieux dans sa description des rapports entre médecins, internes, infirmiers et infirmières, dans son état des lieux du système hospitalier français (l'hôpital devenant de plus en plus une entreprise comme les autres avec la rentabilité en souci n°1), dans son plaidoyer contre l'acharnement thérapeutique, pour attirer les spectateurs qui vont au cinéma pour apprendre quelque chose. En quelque sorte, un film proche des meilleurs films de Ken Loach. Le film tourne autour 2 personnages principaux : Benjamin, jeune interne plein d'illusions et Abdel, médecin étranger, plus âgé que Benjamin, beaucoup plus expérimenté, un de ces médecins de grande qualité venant d'un peu partout dans le monde et qui, sous payés par rapport à leur formation et à leur expérience, permettent à l'hôpital français de fonctionner à moindre coût. Concernant Benjamin, un détail : il est interne dans le service de son père, ce qui s'avère être tout sauf un avantage. Réalisation pointue, interprétation béton : Vincent Lacoste qui joue Benjamin, Reda Kateb qui joue Abdel, Jacques Gamblin dans le rôle du père de Benjamin, plus Marianne Denicourt, Félix Moati, Carole Franck, Philippe Rebbot et beaucoup de personnel hospitalier dans son propre rôle. Un film à ne pas manquer !