Alors qu'il est soupçonné d'être l'assassin de sa femme, Jonathan Cooper va d'abord tenter de trouver refuge chez une amie avant de partir, avec l'aide de cette dernière, à la découverte de la vérité et tenter de s'innocenter.
Hitchcock débarque sur le continent américain en 1940, après avoir servi le cinéma anglais pendant 20 ans et, assez vite, commence à acquérir une certaine notoriété. Durant sa carrière à Hollywood longue de plus de 35 ans, il ne reviendra que peu de fois en Angleterre, d'abord durant la guerre pour y tourner deux courts-métrages puis à la fin des années 1940, d'abord pour mettre en scène Les Amants du Capricorne puis enfin Le Grand Alibi, qui représente son avant-dernier film britannique (Frenzy sortira en 1972). J'ai toujours eu un certain faible pour cet Hitchcock-là pourtant très méconnu où, comme dans d'autres cas, il joue une partition qu'il a déjà jouée plusieurs fois, sans grande originalité mais toujours avec grande efficacité et c'est un vrai plaisir que de s'y immerger.
Dès l'introduction le ton est donné, le maître du suspense introduit Le Grand Alibi par une fuite en voiture puis un flash-back où l'on découvre comment Jonathan s'est retrouvé dans cette situation. Assez vite on s'intéresse aux personnages, bien qu'on n'en sache peu sur eux, puis à leur sort, Hitchcock sachant nous mettre directement au cœur de l'action avant de, peu à peu, poser son récit et de mettre son intrigue en place, jouant avec les spectateurs en diffusant certaines pistes. Rien de bien original, tant dans les personnages que dans l'avancement de l'histoire, mais une maîtrise totale de la part du maître, notamment dans la gestion du récit, bien qu'il critiquera certains points de ce film quelques années plus tard.
L'autre attrait de Le Grand Alibi se trouve dans sa toile de fond où l'on retrouve un Hitchcock jouant avec ses premiers amours, c'est-à-dire le théâtre, lieu important de l'histoire. Il met en place une atmosphère légèrement british, donnant un charme résistant à l'épreuve du temps à son oeuvre, notamment grâce à la galerie secondaire de personnages. Plusieurs séquences, telles l'ouverture et la clôture, sont assez mémorables et Hitchcock inclut de la tension lorsqu'il le faut. Devant la caméra, Marlene Dietrich est impériale tandis que Jane Wyman et Richard Todd s'en sortent très bien.
Si ce n'est pas l'une de ses œuvres les plus mémorables (en même temps la concurrence est très rude), Le Grand Alibi n'en reste pas moins très efficace, bien ficelé et avec un charme british défiant l'épreuve du temps.