Alors voilà le phénomène "American pie"... souvent imité mais jamais égalé. Chers lecteurs et chères lectrices, chers abonné(e)s, je vous assure que si vous parvenez à laisser vos préjugés de côté, vous rirez de bon cœur devant ce teen movie désopilant. Prenez une bande de jeunes lycéens, tous dans leur dernière année de collège avant de basculer non sans une certaine inquiétude dans le monde de la fac, leur seul souci est qu’aucun d’entre eux n’envisage d’y rentrer sans avoir connu la première fois. Vous l’avez compris, ça va tourner autour du sexe. Vu le nombre de teen-movies portant sur la chose, on est en droit de s’attendre à de la vulgarité, voire même du graveleux, avec un humour sans cesse placé en dessous de la ceinture. La réponse est… oui ! Mais ! Parce qu’il y a un « mais ». On a beau avoir droit à du langage fleuri, ce n’est pas vulgaire pour autant, et encore moins graveleux. Nul n’ignore que vient un jour où les hormones commencent à travailler nos chers adolescents, portant leur préoccupation sur le sexe et en particulier sur la première fois. Et en cela, personne (ou presque) n’y échappe, certes à des degrés différents, et ce quel que soit le milieu d’où l’on vient. Rappelez-vous : vous aussi, vous avez étés jeunes. Alors pourquoi ne pas prendre parmi cette bande de jeunes, en l’occurrence tous potes, des jeunes aux caractères très différents. D’abord nous avons Jim (Jason Biggs), un garçon très préoccupé sur le fonctionnement « annexe » de son anatomie, dont la timidité lui fait perdre tous ses moyens devant les filles. Ensuite nous avons Chris, dit Oz (Chris Klein), un sportif réputé pour sa brutalité sur le terrain, mais assez fleur bleue. Puis nous avons Paul (Eddie Kaye Thomas), un jeune homme cultivé au raffinement très britannique. Stifler (Seann William Scott) complète le tableau en s’avérant être le perpétuel provocateur de ces jeunes gens. Il ne faut pas oublier Kevin (Thomas Ian Nicholas), qui rêve de passer à la vitesse supérieure avec sa copine. Cette dernière se pose elle aussi des questions sur le sujet, et n’hésite pas à chercher conseil auprès de son amie. Comme quoi, ça ne travaille pas que les mecs… cependant on doit reconnaître un peu plus de sens des réalités du côté des filles. Quoique… Bref ! Avec ces personnages, c’est comme si nous avions un parfait échantillon représentatif de la jeunesse. Et on entre tout de suite dans le vif du sujet avec Jim, tentant de regarder tant bien que mal un film X. Ceci devrait rappeler des souvenirs à quelques personnes de ma génération, tout du moins ceux qui ont tenté de regarder tant bien que mal les films pornos sur la chaîne cryptée sans abonnement, dont le caractéristique « ksskssskssksss » accompagnait l’image striée. Cette première situation truculente n’est que le début, et il y en aura beaucoup d’autres. Oh je ne dis pas qu’on va rire tout le temps, mais il y a tout de même quelques coups pendables comme le verre de bière, la tarte aux pommes... Des coups pendables non pas pour faire des coups tordus, mais des gags qui sont venus naturellement. L’avantage est que la vulgarité s’en trouve balayée. L’esprit y est bon enfant, au point qu’on s’accommode tout de suite du langage fleuri de Stifler (excellent Seann William Scott dont le faciès colle parfaitement au personnage), ce drôle d’olibrius totalement dénué de cœur et de sensibilité qui n’a de cesse de rebaptiser tout le monde sous des noms dont lui seul a le secret. Un personnage haut en couleurs qui y est pour beaucoup dans la tonicité du récit, tant il nous régale de ses répliques, à commencer par le vent monumental qu’il met à Sherman. Ce dernier, interprété avec beaucoup d’auto-dérision par Chris Owen, est un jeune sûr de sa science en marge du groupe qui se la pète tant il veut leur en mettre plein la vue en remportant le graal avant tout le monde. Seulement voilà : pour reprendre le slogan trônant au beau milieu de l’affiche, « la première fois, c’est pas de la tarte ». Quel magnifique résumé à double sens… Malgré un sujet tournant exclusivement autour du sexe, la morale est tout de même sauve. Ces jeunes garçons ont beau vouloir perdre leur virginité, ils ne veulent pas pour autant y arriver n’importe comment. Et les réalisateurs ont réussi à ne pas diaboliser le vœu le plus cher de ces jeunes gens. Ils le doivent aussi au scénariste Adam Herz qui a eu la bonne idée de veiller à cette dédiabolisation de la chose par l’intermédiaire du père de Jim (Eugene Levy). En effet, ce dernier est toujours bienveillant à l’égard de son garçon coutumier des situations embarrassantes. La morale est ainsi préservée. Alors, "American pie" : une caricature de la jeunesse ? Eh bien pas tant que ça en fait !